Le marché de la confection en Algérie représente une cagnotte de 2 milliards de dollars. Le choix du gouvernement est encore une fois remis en cause. Le secteur de l'industrie textile a été victime de l'absence de vision stratégique. «On a fermé ces entreprises (...) car, il n'y avait pas d'idée sur la manière de créer un secteur intégré regroupant tous les maillons de la chaîne de cette industrie, de la production jusqu'à la distribution», a déploré le secrétaire général de la Fédération nationale des travailleurs du textile et du cuir, M.Takjout. Intervenant hier sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale, ce responsable syndical a démontré sans ambages que le gouvernement manque de vision. Selon lui, des entreprises de distribution publiques dont le chiffre d'affaires atteignait par le passé les 9 milliards de DA, ont été fermées. Pourtant, le marché de la confection en Algérie, souligne-t-il, représente actuellement, environ 400 millions de mètres linéaires, soit 2 milliards de dollars en termes de valeur. Les entreprises nationales détiennent moins de 10% des parts du marché. Cette situation est le résultat de l'absence d'une stratégie de mise à niveau du secteur. D'ailleurs, M.Takjout a appelé à la récupération de certains marchés détenus par des entreprises étrangères. «L'essentiel des besoins de l'Algérie en matière de textiles est importé», relève M.Takdjout qui insiste sur la récupération de certaines filières dominées par des entreprises étrangères pour réduire la facture des importations. Dans son constat, le SG a indiqué que plusieurs marchés (contrats), notamment publics, échappent actuellement aux entreprises algériennes de confection. «La récupération de ces marchés pourrait, selon lui, aider à doubler les effectifs de ce secteur, actuellement tournant autour de 15.000 salariés.» Il a cité, dans ce sens, l'exemple des marchés de l'armée, du secteur hospitalier ou encore celui de l'éducation et de l'enseignement supérieur qui nécessitent tous les deux près de 8 millions de tabliers pour écoliers et de produits de literie pour 400.000 chambres universitaires. Idem pour la chaussure. Ce responsable pense que les parts du marché de la chaussure peuvent aussi être récupérées. Il a avancé un chiffre de 60 millions de paires de chaussures commercialisées sur le marché algérien, dont seulement un million sont fabriquées par des entreprises nationales. «Les entreprises nationales doivent s'orienter vers le marché local», recommande ce responsable. M.Takjout reste convaincu que la réorganisation de la commercialisation des produits de ce secteur aiderait à les faire connaître et à éviter la spéculation. L'invité de la radio a saisi l'occasion pour tirer la sonnette d'alarme sur les exportations frauduleuses de cuir pratiquées par certains réseaux arabes, les considérant comme des parts de marché perdues pour l'Algérie. «Une mission économique italienne a fait état d'une opération d'importation de cuir de 6 millions de dollars qui ne figure pas dans les chiffres officiels», a révélé ce responsable. M.Takdjout regrette par ailleurs, que le plan de restructuration du secteur, initié par les pouvoirs publics, ne soit pas suffisamment diffusé à l'égard des entreprises. «Ce programme ne doit pas être porté uniquement par ses initiateurs mais aussi par les dirigeants d'entreprise», dira-t-il. La Société de gestion des participations des Industries manufacturières (SGP-IM) avait annoncé un plan d'affaires sur cinq ans pour consolider la position des entreprises de la filière «bois, textile, confection et cuir» sur le marché national. Ce plan prévoit de porter le chiffre d'affaires de ce secteur à 38,5 milliards de DA d'ici à 2014, contre 26,4 milliards de DA en 2009, soit un taux de progression annuel de 10%. Il compte mobiliser dans une première étape des investissements de 8,2 milliards de DA, destinés à la mise à niveau des équipements de production de certaines entreprises.