Le secteur national des textiles se porte très mal, mais des solutions existent pour le sortir de la crise dans laquelle il se débat depuis au moins deux décennies, pour peu que les pouvoirs publics daignent s'y intéresser. Intervenant hier sur les ondes de la chaîne III de la radio nationale, le secrétaire général de la Fédération nationale des travailleurs de textile et cuir affiliée à l'UGTA, M. Omar Takdjout, s'est montré très loquace sur la situation qui prévaut dans la branche, donnant des détails statistiques sur ce qui reste d'un secteur aux potentialités pourtant insoupçonnables, mais dominé de bout en bout actuellement par les importations. Un vrai tableau de bord pour une branche visiblement à l'abandon. Et pour illustrer la situation qui caractérise ce secteur, le fédéral de l'UGTA a révélé que les entreprises nationales ne détiennent que 10% des parts du marché algérien de la confection, qui avoisine actuellement quelque 2 milliards (mds) de dollars. Ce marché représente environ 400 millions de mètres linéaires, soit 2 mds de dollars en terme de valeur, dont les entreprises nationales en détiennent moins de 10%, voire même entre 7 à 8% des parts, a précisé M. Omar Takdjout qui note que l'essentiel des besoins de l'Algérie en matière de textiles est importé. Le syndicaliste qui, visiblement, maîtrise bien son sujet, a déploré le fait que plusieurs marchés, notamment publics, échappent actuellement aux entreprises algériennes de confection, dont la récupération pourrait aider à doubler les effectifs de ce secteur, actuellement tournant autour de 15.000 salariés. Ce syndicaliste cite dans ce sens l'exemple des marchés de l'armée, du secteur hospitalier ou encore celui de l'Education et de l'Enseignement supérieur qui nécessitent tous les deux près de 8 millions de tabliers pour écoliers et de produits de literie pour 400.000 chambres universitaires. Des parts du marché de la chaussure peuvent aussi être récupérées, estime M. Takdjout, qui avance un chiffre de 60 millions de paires de chaussures commercialisées sur le marché algérien, dont seulement un million sont fabriquées par des entreprises nationales. « Les entreprises nationales doivent s'orienter vers le marché local », recommande ce responsable, déplorant dans ce sens la fermeture des entreprises de distribution, dont le chiffre d'affaires atteignait dans le passé les 9 milliards de DA. « On a fermé ces entreprises (...) car, il n'y avait pas d'idée sur la manière de créer un secteur intégré » regroupant tous les maillons de la chaîne de cette industrie, de la production jusqu'à la distribution, a déploré le fédéral de l'UGTA. Dans le même sillage, le syndicaliste n'a pas hésité à tirer la sonnette d'alarme sur les exportations frauduleuses du cuir pratiquées par certains réseaux arabes, les considérant comme des parts de marché perdues pour l'Algérie. M. Takdjout ne s'arrête pas au stade de constat puisqu'il a détaillé les « recommandations » de la centrale syndicale pour faire sortir le secteur de l'ornière. Il a, à ce sujet, proposé des assises nationales pour relancer l'industrie du cuir et textile, estimant que la réorganisation de la commercialisation des produits de ce secteur aiderait à les faire connaître et à éviter la spéculation. M. Takdjout qui regrette, par ailleurs, que le plan de restructuration du secteur, initié par les pouvoirs publics, ne soit pas suffisamment diffusé à l'égard des entreprises, appelle à la récupération de certaines filières dominées par des entreprises étrangères pour en réduire la facture des importations. Le syndicaliste fait référence au programme annoncé par la Société de gestion des participations des Industries manufacturières (SGP-IM) qui avait rendu public un plan d'affaires sur cinq ans dans le but de consolider la position des entreprises de la filière « bois, textile, confection et cuir » sur le marché national. Ce plan prévoit de porter le chiffre d'affaires de ce secteur à 38,5 mds de DA d'ici à 2014, contre 26,4 mds de DA en 2009, soit un taux de progression annuel de 10% et compte mobiliser, dans une première étape, des investissements de 8,2 mds de DA, destinés à la mise à niveau des équipements de production de certaines entreprises.