Le cousin germain de Mohammed VI estime que le Royaume ne fera pas exception par rapport à la vague de contestation qui a secoué la Tunisie, l'Egypte et d'autres pays arabes. La Révolution de jasmin qui a provoqué la chute de Zine el Abidine Ben Ali en Tunisie, les manifestations qui sont en train d'ébranler le régime de Hosni Moubarak en Egypte auront certainement des répercussions sur le Royaume chérifien. Le Maroc ne fera «probablement pas exception parmi les pays arabes après la Révolution tunisienne et les manifestations qui secouent actuellement le pouvoir en Egypte», a estimé lundi le cousin du souverain marocain Mohammed VI. Le «Maroc n'a pas été encore atteint...Mais il ne faut pas se tromper: presque tous les systèmes autoritaires seront affectés par la vague de protestation. Le Maroc ne sera probablement pas une exception», a souligné Moulay Hicham dans une interview accordée au quotidien espagnol El Païs. Réputé pour ses critiques vis-à-vis de la monarchie marocaine et de son système politique, le cousin du roi s'interroge: «Reste à voir si la contestation sera sociale ou bien aussi politique et si les formations politiques, influencées par les récents événements, bougeront.» Le Maroc est-il à bout de souffle? «La dynamique de libéralisation politique entamée à la fin des années 90 a pratiquement pris fin. Redynamiser la vie politique marocaine dans le contexte régional, en évitant les radicalismes, sera un grand défi», fait remarquer le prince marocain qui arrive en troisième position pour la succession au trône alaouite. Quel pourrait être l'impact de la Révolution tunisienne et des manifestations en Egypte sur le Maroc? Elles représentent une «rupture par rapport aux schémas antérieurs», a fait remarquer le «Prince rebelle». Puis, s'adressant à l'Europe, il lui conseille de «se réveiller, arrêter d'appuyer des dictatures qui ne sont pas viables et appuyer à fond les mouvements qui aspirent à un changement durable». En ayant choisi de s'exprimer dans les colonnes d'un quotidien espagnol de l'envergure d'El Païs, Moulay Hicham apporte de l'eau au moulin des médias espagnols qui ont fait état de mouvements de troupes des Forces armées royales vers Casablanca et Rabat pour faire face à d'éventuelles émeutes. Info ou intox? Le gouvernement marocain prend au sérieux ce qu'il qualifie «d'allégations infondées» et a réagi au quart de tour. L'ambassadeur du Royaume d'Espagne à Rabat a été convoqué. Le Makhzen a tenu à protester contre des informations colportées par des médias espagnols faisant état de mouvements de troupes marocaines pour parer à d'hypothétiques manifestations. La réaction a été à la hauteur de l'information. «Le gouvernement marocain a accueilli avec indignation les informations fallacieuses propagées par certains médias publics espagnols, notamment la télévision publique Canal 24 Horas, ainsi que d'autres supports de presse concernant des allégations infondées relatives au fait que le Maroc aurait déployé des troupes des Forces armées royales stationnées dans nos provinces du Sud vers Casablanca et Rabat, et ce en prévision de supposées manifestations éventuelles», a déclaré dimanche au cours d'un point de presse le ministre marocain de la Communication, porte-parole du gouvernement. «Le gouvernement du Royaume du Maroc oppose un démenti catégorique à ces fausses nouvelles propagées par ces médias publics et les considère comme un comportement non professionnel et totalement étranger aux règles et à la déontologie d'un exercice médiatique sain», a ajouté visiblement offusqué Khalid Naciri. Les médias espagnols seront-ils à l'origine d'une crise diplomatique entre leur pays et le Royaume du Maroc? L'ambassadeur du Royaume d'Espagne à Rabat a été convoqué par le chef de la diplomatie marocaine. «Dans le but de transmettre au gouvernement espagnol l'indignation du Maroc face à ces agissements irresponsables, M. le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération a convoqué, aujourd'hui, M. l'Ambassadeur du Royaume d'Espagne à Rabat et a eu un entretien avec son homologue espagnol», a indiqué Khalid Naciri. Il y a comme un vent glacial qui souffle à nouveau sur les relations entre Madrid et Rabat depuis l'attaque menée par les forces d'occupation marocaines contre le camp sahraoui de Gdeïm Izik. Les déclarations de Moulay Hicham à El Païs arrivent comme un cheveu sur la soupe. Elles risquent d'irriter à plus d'un titre Mohammed VI.