Echaudés, les Palestiniens demandent à voir et s'assurer qu'il y aura un résultat au bout: l'Etat palestinien. Le Quartette pour le Proche-Orient se réunissait hier en Allemagne pour montrer qu'en dépit du blocage des négociations israélo-palestiniennes et des aléas de la crise égyptienne, la reprise du processus de paix reste à l'ordre du jour. Ces discussions en marge de la 47e Conférence sur la sécurité à Munich (Allemagne) entre le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, et les chefs de la diplomatie américaine Hillary Clinton, russe Sergueï Lavrov et de l'Union européenne (UE) Catherine Ashton, se déroulent a priori dans un climat peu favorable. Un changement éventuel de régime en Egypte où, après 30 ans de pouvoir, le président Hosni Moubarak est vivement contesté, fait planer de grandes incertitudes, ce pays ayant signé un traité de paix avec Israël en 1979 critiqué dans le reste du monde arabe. Même si une relance du processus de paix israélo-palestinien n'est pas en vue, l'UE a jugé que la crise égyptienne rendait d'autant plus opportune la réunion du Quartette, a indiqué vendredi une diplomate européenne. «C'est à cause de cet événement que le Quartette doit se réunir, et donner un signal fort que le processus de paix est bien vivant», a-t-elle dit. Et les participants au Quartette sont déjà d'accord en principe sur la tenue d'une autre réunion «dans les quatre à cinq semaines», selon cette diplomate. En août 2010, le Quartette avait fixé pour objectif la signature d'un accord israélo-palestinien avant septembre 2011 mais les négociations directes entre Palestiniens et Israéliens n'ont duré que trois semaines, jusqu'à la fin du gel de la colonisation israélienne dans les Territoires le 26 septembre. Avant de les reprendre, les Palestiniens réclament un renouvellement du moratoire. Ils ont déposé un projet de résolution au Conseil de sécurité le 18 janvier dénonçant le cancer que constituent les colonies israéliennes. Pour bien montrer que malgré l'impasse, le Quartette ne baisse pas les bras, il va à Munich «adopter une nouvelle déclaration sur le Proche-Orient», a indiqué vendredi le ministère français des Affaires étrangères. Dans cette déclaration, «certains paramètres de la négociation», comme la question des territoires occupés depuis 1967 par Israël, pourraient être abordés afin d'«aider à la reprise des pourparlers» entre Israéliens et Palestiniens, a-t-on indiqué de mêmes sources. En outre, l'organisation d'une nouvelle conférence de donateurs pour l'Etat palestinien en juin prochain à Paris, a été annoncée à l'issue d'un dîner jeudi soir de représentants français, de l'UE, de la Norvège et du Quartette, qui assurent le suivi de la première conférence de décembre 2007. Même si les pourparlers devaient être toujours au point mort à cette date, les Palestiniens veulent proclamer leur Etat en septembre. La conférence des donateurs pour la création d'un Etat palestinien en juin n'aura d'intérêt que si les Palestiniens ont le sentiment d'être à la veille de la naissance de leur Etat, espérée en septembre, a prévenu vendredi à Paris le Premier ministre palestinien Salam Fayyad. «Quand nous nous rencontrerons, nous avons besoin d'être dans un contexte d'attente de naissance imminente de l'Etat palestinien. Si ce sentiment n'est pas là, nous ne voulons pas de cette conférence», a-t-il déclaré lors d'un débat à Paris organisé par l'Académie diplomatique internationale. Les Palestiniens veulent proclamer leur Etat en septembre, date butoir retenue par la communauté internationale pour la signature d'un accord israélo-palestinien, bien que les négociations soient au point mort. «L'argent n'est pas le principal objectif de cette conférence qui doit conditionner un processus politique», a martelé Salam Fayyad (en référence à la conférence des donateurs prévue en juin à Paris). «Le calendrier (de septembre 2011) ne changera pas (...). Il est temps pour (le Premier ministre israélien Benjamin) Netanyahu de dire ce qu'il a en tête quand il parle d'un Etat palestinien. Cela ne suffit pas de dire qu'on soutient une solution à deux Etats», a-t-il répété. «Israël doit être mis sous pression pour répondre à une seule et unique question: est-il prêt à accepter la naissance d'un Etat palestinien souverain sur les Territoires occupés en 1967, y compris Jérusalem-Est?», a indiqué M.Fayyad dans une interview au quotidien français Le Figaro d'hier. «Le 1er septembre, nous exigerons une réponse claire: «oui» ou «non»», a-t-il ajouté.