Les pétards sont de plus en plus puissants, les autorités craignent le pire avec cette période de troubles que vit le Monde arabe. D'où viennent-ils? Qui les importe? Comment arrivent-ils à passer les mailles des Douanes? Pourquoi l'Etat n'arrive pas à juguler le phénomène? Ce sont autant de questions, sans réponse, qui reviennent à chaque fête du Mawlid Ennabaoui. Cette année encore «deux conteneurs de produits pyrotechniques d'une valeur dépassant les 40 millions de DA, ont été saisis», révèle un responsable des Douanes algériennes. La même source fait aussi état d'une «autre saisie de plus de 3000 unités à Ouargla». Cette impressionnante quantité a été «minutieusement dissimulée derrière une rangée d'horloges murales», souligne ce responsable. Toutefois, les auteurs de ce trafic n'ont pas encore été identifiés. Car ils sont généralement importés avec des registres du commerce «empruntés». C'est pourquoi une enquête a «été ouverte afin d'identifier l'importateur réel de ces conteneurs». Les Douanes rappellent que l'année passée plus de «17 millions d'unités pyrotechniques d'une valeur de 700 millions de DA ont été saisies!». Ces produits, varient du simple pétard au fusil pouvant causer de graves dégâts. Ces belles «prises» n'ont pu être possibles que grâce au renforcement du dispositif et aux moyens modernes de contrôle comme les scanners. Ce qui contraint les contrebandiers à utiliser les voies terrestres notamment les frontières marocaines. Cette situation rend l'approvisionnement de ce genre de marchandise plus difficile. C'est ce qui fait que les pétards ne sont pas aussi présents que d'habitude dans le paysage...L'intérêt grandissant pour ce créneau, est motivé par les gains énormes que procure ce commerce informel, particulièrement florissant durant les fêtes du Mawlid Ennabaoui. «Pour un conteneur de pétards d'une valeur de 2 millions de DA, les profits réalisés peuvent atteindre les 28 millions de DA», précisent les services des Douanes algériennes. Malgré la lutte quotidienne des autorités contre ces jeux pyrotechniques, cette année encore, le danger est présent. Il est même encore plus grand que les autres années, d'autant plus que cette fête coïncide avec la période de troubles que connaît le Monde arabe. Cette situation fait craindre le pire aux autorités qui s'inquiètent que ces pétards, qui ressemblent, de plus en plus, à de véritables bombes, ne soient utilisés en cas de débordements. Si cette situation venait à se produire, cela pourrait tourner à une véritable bataille rangée. Cette hypothèse est le pire des scénarios possibles du fait qu'elle sera incontestablement incontrôlable. De ce fait, les services de sécurité ont pris toutes les dispositions nécessaires afin de «limiter» au maximum leur utilisation. Paradoxalement, les années précédentes, les autorités faisaient preuve d'une complaisance déconcertante avec les jeunes qui s'adonnaient à la vente de ce genre de produit. Comment a-t-on pu laisser de véritables «obus» censés être interdits, en vente libre qui plus est, par des mineurs pour des mineurs? Cependant, l'Etat n'est pas la seule partie qui doit être mise sur le banc des accusés. Tout le monde dénonce cette situation, mais personne ne réagit. Les citoyens, plus particulièrement les parents, ont aussi leur part de responsabilité! En acquérant ce genre d'engins explosifs, c'est comme s'ils mettaient une grenade dans la main de leurs enfants... En effet, à chaque Mawlid, des centaines d'enfants subissent de graves blessures qui peuvent les handicaper à vie. Perdre un oeil, avoir un tympan crevé, se brûler le visage...cela en vaut-il la peine? Ou alors brûler sa maison ou celle de son voisin est-ce là les valeurs de l'Islam? Pas plus loin que la semaine dernière, une boulangerie a pris feu au niveau de la commune de Raïs Hamidou. La cause de ce gigantesque incendie n'est autre, tenez-vous bien...qu'un pétard. Même si l'année passée comparativement aux autres années, il n'a été enregistré qu'une cinquantaine de blessés plus au moins graves à travers tout le territoire national. Un nombre très faible comparativement aux années précédentes où des centaines de blessés et des dizaines d'incendies ont été enregistrés. Cette année, il faut également s'attendre à ce que la fête soit moins pétaradante que d'habitude. C'est du moins ce que constatent les citoyens qui ont entendu relativement moins d'explosions que d'habitude, alors qu'auparavant, ils avaient droit à d'interminables et non moins dangereuses rafales de pétards pendant presque un mois avant le Mawlid. Toutefois, avec cette deuxième semaine du mois de février qui s'annonce très agitée, ce calme précaire pourrait être celui qui précède la tempête...