Les autorités égyptiennes auront-elles «l'honneur et le courage politique» d'entamer des démarches afin de restituer les biens du peuple et de l'Etat égyptiens? La fortune et les avoirs du clan Moubarak dépassent, dit-on, deux fois les dettes globales de l'Egypte. Cette phénoménale fortune, investie dans des biens immobiliers et des hôtels de luxe situés à Londres, New York (Manhattan), Los Angeles (Rodeo Drive, à Beverly Hills) et Dubaï, ainsi qu'en France, en Allemagne et en Suisse, est estimée entre 40 et 70 milliards de dollars, selon un calcul de médias étrangers. Cette somme repose en partie dans les coffres de banques suisses et britanniques. Le quotidien britannique cite notamment la banque UBS, la Banque d'Ecosse ainsi que le groupe bancaire Lloyds. La famille Moubarak possède, en outre, l'essentiel des terres et des hôtels de luxe aux alentours de la station touristique de Charm-el-Cheikh. Les experts britanniques considèrent ces possessions comme un insatiable appétit de «trophées occidentaux». Pour qu'il y ait gel des avoirs et enquêtes, l'Union européenne, contrairement à la Suisse, qui a décidé dès vendredi de geler les avoirs du président déchu, attendra une demande en ce sens du Caire pour agir. Néanmoins, le ministre britannique du Commerce Vince Cable, qui dit ignorer complètement que le clan Moubarak compte une fortune colossale déposée dans des banques anglaises, a soutenu que des enquêtes doivent élucider cette question (les avoirs de la famille Moubarak). «Les éventuels avoirs à l'étranger de Hosni Moubarak devraient faire l'objet d'une action internationale concertée», a-t-il tonné, dimanche dernier. Tandis que l'Union européenne a fait savoir, hier, que pour procéder au gel des avoirs du président déchu, il faut que la demande soit faite par les autorités égyptiennes. «Nous sommes en contact avec les autorités égyptiennes. Quand ce sujet sera abordé, nous y répondrons», a déclaré, hier, la porte-parole de la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton, Maja Kocijancik. Et de poursuivre que «l'Union européen prendra les mesures appropriées si nécessaire, mais pour le moment, je ne peux spéculer à ce sujet, car le sujet n'est pas encore abordé avec les autorités égyptiennes». Pour soutenir la position de l'UE, elle a rappelé que la décision prise récemment par l'UE de geler les avoirs de l'ancien président tunisien, Zine El Abidine Ben Ali et de sa famille, avait été prise «dans le cadre d'une consultation des autorités tunisiennes». «C'est un processus, nous avons besoin d'une évaluation et nous avons besoin d'une décision des 27 gouvernements européens pour procéder à des gels d'avoirs», a insisté Maja Kocijancik. Abondant dans le même sens, la ministre française de l'Economie, Christine Lagarde, a assuré lundi que Paris se tenait «évidemment à la disposition de la justice égyptienne pour examiner la situation des avoirs que détiendrait en France le président égyptien déchu Hosni Moubarak». Les autorités égyptiennes auront-elles «l'honneur et le courage politique» d'entamer des démarches afin de restituer les biens du peuple et de l'Etat égyptiens? C'est dire que la justice égyptienne et à sa tête le Conseil suprême de l'Armée, est mise à l'épreuve quant à leur volonté de protéger l'Egypte et les biens de son peuple. Aussi, faut-il l'indiquer que, selon le quotidien anglais The Guardian, «à l'origine de cette fortune colossale du clan Moubarak se trouve un efficace système de corruption. Chaque investissement étranger est ponctionné par le clan Moubarak. Toute implantation en Egypte d'un investisseur est accompagnée d'un joint-venture avec un partenaire local à hauteur de 20%». Et de signaler enfin, que la famille Moubarak possède, par ailleurs, des participations dans des entreprises du pays liées à l'Etat ou l'armée.