Le coût du kilomètre est de 250 millions de dinars. Dans un pays aussi vaste que l'Algérie, où le parc de véhicules lourds dépasse les 400.000 unités et où le réseau ferroviaire n'a guère été développé, il est normal que 85% des échanges domestiques soient assurés par le transport routier. En 1992, le gouvernement lance le plus vaste chantier de l'histoire de l'Algérie: 1216 km d'autoroute entre les frontières tunisienne et marocaine reliant les principaux pôles urbains du nord du pays et complétés par les pénétrantes désenclavant les Haut-Plateaux et les régions céréalières. Coût 5,6 milliards de dollars et un délai de réalisation de vingt ans. Ce chantier entre dans le cadre du projet d'autoroute transmaghrébin (Nouakchott-Benghazi, d'une longueur de 7000 km). Dix ans après le lancement des travaux, le bilan est maigre: 43 km livrés à la circulation, 81 km en cours de construction. Si les études préliminaires sont achevées. L'avant-projet détaillé n'est prêt que pour 283 km alors que 347 km sont en cours d'étude. Selon ses initiateurs, l'autoroute Est-Ouest devrait être opérationnelle en 2020. Ce qui explique la réalisation annuelle de 60 km en moyenne. Le coût du kilomètre étant de 250 millions de dinars (3,5 millions de dollars). L'ensemble représente un investissement de 15 milliards de dinars (205 millions de dollars). Une charge insupportable pour le seul gouvernement quand on sait qu'il ne consacre dans son budget que 12 milliards de dinars pour l'entretien de la totalité du réseau routier. Avec un parc de 1 million de véhicules légers et un trafic estimé à 13.500 voitures par jour en 2005, le taux de rentabilité de cette autoroute tournerait autour de 19% pour certains tronçons. «C'est un excellent chiffre, affirment les responsables du projet, quand on sait qu'une autoroute est performante dès lors qu'elle atteint un taux de rentabilité de 12%». Les responsables sont conscients que le péage ne permet pas de financer entièrement le projet. En revanche, il pourrait couvrir les coûts d'entretien et d'exploitation de l'ouvrage après sa mise en service. Autre écueil pour l'introduction du péage: le nombre élevé d'échangeurs. Près d'une centaine jalonnera l'autoroute, ce qui rendra très onéreuse la mise en place des stations de péage. Le Président Bouteflika, qui insiste sur l'urgence de ce projet, se trouve face à deux éventualités: solliciter les bailleurs de fonds et faire supporter le coût du projet à l'Etat, ou instituer une taxe sur le carburant et utiliser une partie des recettes de la vignette automobile. A supposer que cette dernière solution soit retenue, il faudrait que les usagers paient annuellement 4000 dinars pour un véhicule léger et 16.000 dinars pour un poids lourd. Cela financerait le projet à hauteur de 11,4 milliards de dinars. Il ne resterait qu'à trouver 3,6 milliards (un peu plus de 20 millions de dollars) auprès des bailleurs de fonds. Si cette solution intermédiaire est retenue, l'Etat devra emprunter 400 millions de dollars et affecter à la réalisation de l'autoroute les recettes fiscales obtenues grâce à une taxe sur les carburants et une partie du produit de la vignette.