L'ode El Wecham (Le tatoueur) du poète tlémcenien, Mohamed Ben M'saïb, est revisité à travers des calligraphies de l'artiste Rédha Khouane et exposées à la galerie d'art «Art 4 you» d'Alger. Intitulée H'rouf el bali (Lettres de sagesse), en hommage au grand poète du Malhoun, l'exposition qui se poursuit jusqu'au début mars, offre au visiteur l'intégralité des vers de cette célèbre poésie, écrite au XVIIIe siècle. Ce poème a été interprété par plusieurs chanteurs de différents styles de musique (bédouin, hawzi et chaâbi). Utilisant l'encre de Chine et le fusain, Rédha Khouane, calligraphe autodidacte, natif de Cherchell, a rassemblé et écrit les couplets du poème dans les styles Maghribi avec ses multiples variantes et le Kufi (de Kufa en Irak). L'exposition comprend les différentes lettres de l'alphabet arabe accompagnées des couplets du poème El Wecham avec des couleurs, formes et techniques très variées, afin de «donner à la calligraphie un cadre contemporain», explique l'artiste, biologiste de formation. La calligraphie, un art ancré dans la tradition à la fois littéraire et spirituelle, permet à l'artiste de «capturer», d'abord, des mouvements, des formes et des couleurs et de les transformer ensuite en lettres apparentes sur différents supports. Ce sont les émotions dégagées par les vers poétiques que cet artiste souhaiterait partager et pour qui la calligraphie représente une «géométrie de l'âme» par laquelle, dit-il, le calligraphe «étale ses lettres toute en harmonie et en fluidité». Le répertoire poétique de Ben M'saïb, décédé en 1768, comprend quelque 3000 Q'cidates. Ses textes ont été interprétés par des grands noms de la chanson algérienne, comme Maâlma Yamna, Cheikh Larbi Ben Sari, El-Hadj M'rizek et Amar Ezzahi.