Dans un discours «téléphonique» incohérent, diffusé jeudi par la télévision d'Etat libyenne, l'encore «guide» (pour combien de temps?) a également menacé le peuple libyen d'autres châtiments alors que les horreurs déjà commises font frémir le monde. Cela tourne au cauchemar pour le peuple libyen qui, chaque jour, découvre stupéfait la vraie nature de leur «guide» et quelques-unes des facettes de ce caméléon dont l'accoutrement théâtral rappelle plus le bouffon que l'homme politique et «guide» «éclairé» de son peuple. Il l'a encore montré jeudi, lorsque, dans un discours «téléphonique» incohérent diffusé par la télévision d'Etat libyenne, Mouamar El Gueddafi a menacé le peuple libyen de durs châtiments alors même que les horreurs commises jusqu'ici à Benghazi, Tripoli, Al Bayda, Zaouïa et d'autres villes libyennes font encore frémir la communauté internationale. Parce que le peuple de Libye le rejette, El Gueddafi a traité ce peuple de «drogué» et d'être manipulé par Al Qaîda. Un paravent facile que tous les autocrates mettent en avant pour justifier leurs tyrannies sur leurs peuples. Ce sont ces dictateurs -souvent avec l'accord tacite de l'Occident qui ferme les yeux sur leurs exactions - qui font en fait le lit de l'islamisme et autres extrémismes. El Gueddafi ne déroge donc pas à un schéma qui a fait ses preuves, mais usé jusqu'à la corde, comme quoi il serait le rempart de l'islamisme qui menacerait, non point son peuple, mais cet Occident dont il recherche l'approbation à un pouvoir usurpé. Ainsi, jeudi, dans le même temps où il accuse ses contestataires d'être des «drogués», El Gueddafi affirme: «Ces gens n'ont pas de vraies revendications, leurs revendications sont celles de Ben Laden.» C'est sans doute pour cela qu'il promettait la «boucherie» au peuple libyen, mardi soir dans un autre discours. Mais sa mégalomanie, et surtout sa schizophrénie, il l'a montrée lorsqu'il s'est comparé à la reine d'Angleterre au pouvoir indique-t-il, depuis 57 ans et d'affirmer: «Je n'ai pas le pouvoir de faire des lois ou de faire appliquer la loi. La reine d'Angleterre n'a pas cette autorité. C'est exactement mon cas.». C'est dire la sinuosité d'un personnage imbu de sa personne qui considère les Libyens comme quantité négligeable qu'il peut massacrer sans état d'âme, se montrant même surpris que l'on puisse lui contester le droit de dresser «ses» sujets dès lors que le peuple de Libye n'avait d'autres choix que de se plier aux lubies d'un homme qui se croyait roi. N'affirmait-il pas mardi soir à la télévision d'Etat qu' «il n'est pas un président qu'on peut remercier» mais un «qaîd» un «qaîd» (répété trois fois) un «guide» qui a bien l'intention de conserver «son pouvoir» jusqu'à sa mort. Tous les analystes ont tiré une conclusion unanime des dernières interventions de Mouamar El Gueddafi: «c'est un fou!». C'est pourtant ce démon à visage humain qui prétend «guider» les Libyens comme de les «châtier» s'ils ne sont pas obéissants. Justement, El Gueddafi a fait tirer jeudi et hier sur la foule des manifestants au moment où la contestation s'est étendue à l'ensemble du territoire libyen, le «guide» ayant totalement perdu le contrôle de la province de l'est de la Libye, comme cela a été confirmé jeudi de diverses sources (témoins locaux et diplomatiques). Des combats ont opposé, et opposaient hier encore, les quelques fidèles qui restent au dictateur, appuyés par des mercenaires africains - qui ont fait des carnages, notamment à Benghazi, Al Bayda et Derna - aux citoyens qui luttent farouchement pour faire chuter le tyran et faire récupérer par le peuple un pouvoir confisqué par un mégalomane qui ne discerne plus la réalité croyant la Libye devenue sa propriété. Les dernières prises de position d'El Gueddafi ont horrifié, y compris certains de ses partisans, et créé la discorde au sein même de sa tribu. Dans ce contexte de nombreux diplomates libyens ont démissionné de leurs postes refusant de travailler plus longtemps pour El Gueddafi. C'est ainsi que les ambassadeurs de Libye auprès de la France et de l'Unesco, celui auprès de l'ONU à Genève et la mission libyenne à New York ont démissionné en bloc hier, annonçant leur ralliement au peuple et à la Révolution. Mouamar El Gueddafi est, aujourd'hui un homme acculé et aux abois dont les jours au pouvoir sont désormais comptés.