Les robinets existent bel et bien, mais sans eau dans les canalisations, la rouille a fini par les ronger. Les habitants de la localité de Bouzizi, dans la commune de Séraïdi, distante de 14 km du chef-lieu de la daïra de Annaba, ont soif d'eau et de vie. Cette localité perchée à 800 mètres d'altitude, n'a jamais été raccordée au réseau d'eau. Ses habitants s'alimentent en ce liquide précieux depuis une fontaine publique, distante de près de 2 km. Usant de moyens de transport archaïques, charrettes et ânes, des personnes âgées font quotidiennement ce trajet transportant entre 60 et 70 litres d'eau. L'un d'entre eux nous révèle: «Les robinets existent bel et bien, mais l'eau qui n'a jamais coulé dans les canalisations, a fini par les couvrir de rouille». A l'unanimité, les habitants se disent lassés par cette situation qui complique leur vie et ils s'insurgent en même temps contre les responsables qui affichent, non seulement un laxisme face à leurs problèmes, mais aussi une indifférence à l'égard de leur quotidien. A l'absence d'eau, s'ajoute la grande pauvreté, principale caractéristique de cette localité. La plupart des habitants de Bouzizi vivent des produits de l'élevage bovin et plein d'autres ressources naturelles. Ce sont ces possibilités de pâturage et de sous-produits sylvicoles, notamment la production de charbon de bois, qui leur sert de support vital, sinon...Bien que Bouzizi soit implantée dans une station balnéaire, Séraïdi, elle ne reflète cependant pas l'image d'un village qui jouit des bienfaits de cette station touristique. Autres affres de la vie, un cadre de vie rebutant, notamment en période hivernale. Les habitants pataugent dans la boue et la gadoue faute de routes bitumées, encore moins de trottoirs. En dépit des différents programmes de développement arrêtés par l'Etat, portant désenclavement des zones éloignées, Bouzizi est loin d'être au centre des préoccupations des décideurs locaux. Le chômage et l'oisiveté ont aussi contribué à la descente aux enfers de cette localité, encadrée par la forêt vierge des monts de l'Edough, avec à l'horizon, le grand bleu. Les jeunes scrutent le décor à longueur de journée en cette période de grand froid. Ils s'entassent dans un semblant de café et s'adonnent aux jeux de cartes et de dominos, notamment les jeunes rongés par l'oisiveté. Le temps qui, s'écoule au ralenti, tue leur jeunesse. C'est là le quotidien d'une population enclavée dans son fond et sa forme, malgré les promesses des autorités locales, jamais tenues. Pourtant, il s'agit d'une région à haut potentiel touristique, qui ne demande qu'à être mis en valeur, permettant la promotion du secteur du tourisme balnéaire d'une part, et l'amélioration du cadre de vie d'autre part.