«Notre ambition est que ce film puisse accompagner la sortie très attendue de son album», fait remarquer la monteuse d'images à propos du chanteur d'expression berbère. Au plus fort de la maladie, le compositeur interprète algérien d'expression berbère, Brahim Izri, continuait à travailler sur son dernier album, quittant son lit d'hôpital le temps d'un enregistrement, allongé sur un brancard, armé de bouteilles d'oxygène, pour résister à l'effort, mais la mort l'emporta sans qu'il puisse voir le fruit de son talent. Ce témoignage et bien d'autres encore, Véronique Hazael-Massieux, monteuse d'images et Kamila Adli, artiste photographe et musicienne, les dévoilent dans un film documentaire de 52 mn, intitulé Brahim Izri, trace d'homme dédié à la vie, au parcours et au talent de cet artiste engagé qui chanta la liberté, la démocratie, la femme, la culture, la paix et qui fut emporté prématurément par la maladie, le 3 janvier 2005. Ce film, en cours de réalisation, mais dont le bouclage est hypothéqué par un manque de financement, comprend un répertoire de témoignages de membres de sa famille, de son épouse, de musiciens, d'amis du chanteur et d'artistes connus tels que Maxime Le forestier, Karim Kassel, Nourith, des enregistrements du défunt, ainsi que des sonores de la zaouïa où Brahim a fait ses premiers apprentissages. Le public a d'abord connu Brahim Izri en tant que guitariste du chanteur algérien Idir durant les années 1970 et qu'il quitta quelques années plus tard pour entreprendre une carrière en solo. Ses fans se souviendront, également, du texte poignant qu'il interpréta en berbère aux côtés de ses amis artistes, Algérie mon amour, à la demande du chanteur Baâziz. Le documentaire, réalisé par la société Verokam Productions (Vkprod) fondée par Véronique et Kamila, comprend également des images et séquences d'enregistrements inédites, ainsi que des archives exceptionnelles sur le parcours de ce compositeur interprète, disparu à l'âge de 51 ans. Kamila Adli, qui l'a accompagné dans sa carrière artistique pour réaliser l'enregistrement, la composition et les arrangements de son dernier album, a affirmé que «Brahim a écrit des partitions, composé, arrangé, enregistré sa voix, les premières rythmiques de base, donné des directives mais n'a pas pu écouter le final de ce qu'il voulait réaliser, la mort l'ayant précocement happé», a-t-elle dit. «Je me disais que ce serait bien pour lui et pour son public de faire un film documentaire pour accompagner la sortie de cet album, d'autant qu'il avait laissé derrière lui un testament où figurait mon nom parmi ceux d'autres musiciens, et où nous incombait à tous la responsabilité de réunir les conditions pour assurer la sortie de son ultime produit artistique», a-t-elle dit. A travers ce documentaire, nous avons aimé l'idée de rappeler au monde qui était Brahim Izri, à travers des images et les moments forts de ses derniers instants de création, des témoignages des personnes qui l'aimaient ou qui ont travaillé avec lui, qu'il s'agisse d'artistes en général, et de musiciens qui l'ont accompagné dans ces derniers instants a, de son côté, souligné Véronique Hazael-Massieux. «Au fur et à mesure qu'on avance dans le visionnage de ce documentaire, on découvre un homme de parole, de conviction, travailleur, perfectionniste, exigeant avec lui-même», a-t-elle ajouté. «Il reste peu de choses pour boucler ce documentaire, mais sa sortie est quelque peu entravée par un financement que nous n'arrivons pas à réunir, après avoir entamé sa réalisation sur fonds propres» a-t-elle ajouté, rappelant avoir lancé des appels dans ce sens et écrit à des associations, mais sans résultat. «Notre ambition est que ce film documentaire puisse accompagner la sortie très attendue de l'album de Brahim Izri et donner du bonheur aux mélomanes de la chanson berbère», a-t-elle dit.