Manger un sandwich de Kalentica (farine de pois chiches) dans une gargote de Mdina Djedida est synonyme d'intoxication alimentaire. «Chacune de nos sorties se termine par l'établissement de dizaines de procès-verbaux et mises en demeure contre les contrevenants, et la fermeture des établissements ne se conformant pas aux règles d'hygiène», a affirmé un contrôleur d'hygiène de l'APC d'Oran. Loin des bureaux, on découvre une tout autre réalité. Ainsi, la ville d'Oran sombre dans des problèmes compliqués; ses habitants et ses visiteurs crient à l'arnaque. Manger un sandwich de kalentica (farine de pois chiches) dans une gargote de Mdina Djedida est synonyme d'intoxication alimentaire; boire un jus au marché de la Bastille peut prolonger la durée de séjour à l'hôpital. Or, des dizaines de restaurants et fast-foods essaiment un peu partout renvoyant aux calendes grecques le respect des normes de commerce moderne, dont celui de la qualité, le service et les conditions d'hygiène. En fait, c'est une situation de fait accompli, en toute impunité, qui est imposée. Les cuisines sont devenues de grands réceptacles où pullulent toutes sortes de bestioles et autres germes vecteurs de pathologies hautement dangereuses. Même les salles de restauration ne sont pas épargnées. Les barbecues et les rôtissoires rouillés dressés aux entrées des restaurants, sont livrés aux poussières et gaz toxiques des véhicules. Mais où sont donc réellement passés ces services communaux d'hygiène? Pire, le personnel, recruté selon la circonstance et les humeurs, est loin de répondre aux compétences de l'activité. Dans plusieurs fast-foods et gargotes d'Oran, les serveurs portent des tenues repoussantes et essuyent les tables en utilisant des chiffons crasseux. Même constat chez les cuisiniers qui portent des blouses jamais lavées, pendant plusieurs semaines, voire plusieurs mois. En dépit des constats établis par toutes les institutions, ces soi-disant restaurants connaissent quotidiennement des flux importants de clients. Les explications sont d'ordre pécuniaire. «On ne peut pas se permettre des repas coûtant une petite fortune», a affirmé Larbi Sidhoum venu de Jijel en quête d'un travail permanent. Et d'ajouter: «Je calcule mon budget, un repas à 100 DA, quelle que soit sa qualité, me suffit.» D'autres clients estiment que les anomalies sont à relever dans tous les restaurants du pays. «C'est vrai que des restaurants au sens propre du mot existent, mais ces derniers sont rares sinon inaccessibles étant donné que les plats qu'ils proposent sont de haute facture», a indiqué un autre client attablé dans un restaurant situé au centre-ville d'Oran. Mais l'arnaque est généralisée. «Les services d'hygiène communaux, sont passés la semaine dernière, et m'ont délivré le certificat de conformité de mon fast-food», a indiqué un restaurateur situé dans le centre-ville d'Oran. Le chef-lieu d'Oran est transformé, ces dernières années, en un grand centre commercial où s'exercent toutes sortes d'activités. Les touristes, travailleurs, nationaux et étrangers s'attablent deux à trois fois chaque jour au restaurant. Toutes les recettes, locales et étrangères, traditionnelles ou modernes, sont fortement demandées. Les propriétaires de gargotes et fast-foods, eux, sont tous unanimes à se disculper au moindre reproche fait par les clients. Et l'un d'eux d'affirmer: «J'utilise des détergents hautement efficaces», ont répété, comme un refrain, plusieurs restaurateurs ciblés dans le chef-lieu d'Oran. Que nenni. Plusieurs citoyens sont suspicieux, malgré les beaux tableaux suspendus aux murs des restaurants. «Tout ce qu'on mange dans les restaurants n'est pas sain, il faut des enquêtes approfondies, les certificats délivrés par les APC ne sont que des bouts de papier bons à suspendre sur les murs de ces établissements, le but est de rassurer le client.»