Après plusieurs semaines de confusion et d'attentisme face aux bouleversements au Maghreb et au Moyen-Orient, le président français Nicolas Sarkozy a voulu donner dimanche un nouvel élan à sa diplomatie. Dotée d'un nouveau ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, la France cherche à donner corps à son soutien aux révolutions arabes, désormais clairement affiché, avec des mesures concrètes comme l'envoi d'aide humanitaire pour Benghazi. Le Premier ministre François Fillon a annoncé hier matin que deux avions allaient partir pour Benghazi, ville de l'est libyen aux mains des opposants au colonel El Gueddafi, «avec des médecins, des infirmiers, du matériel médical, des médicaments». Il a évoqué le début d'une «opération massive de soutien humanitaire». Après plusieurs semaines de confusion et d'attentisme face aux bouleversements au Maghreb et au Moyen-Orient, le président français Nicolas Sarkozy a voulu donner dimanche un nouvel élan à sa diplomatie. Il a nommé Alain Juppé, chef apprécié de la diplomatie française de 1993 à 1995, à la place de Michèle Alliot-Marie, et clarifié la ligne de Paris face aux révolutions arabes. La France va «accompagner, soutenir, aider les peuples qui ont choisi d'être libres», a-t-il assuré lors d'une allocution solennelle à la télévision. Plusieurs groupes de diplomates avaient dénoncé ces derniers jours sous couvert d'anonymat l'incapacité à anticiper, le conservatisme, l'accommodement envers les dictatures, ou encore le caractère impulsif de la diplomatie française, sous la houlette du président Nicolas Sarkozy. Au bout de trois mois seulement, la chef de la diplomatie Michèle Alliot-Marie, entrée en fonction le 14 novembre, a été remerciée: elle avait accumulé les maladresses, se rendant en vacances en Tunisie en pleine révolution et profitant de largesses d'un homme d'affaires tunisien lié au régime de Ben Ali. Elle avait aussi proposé une coopération policière à la Tunisie, trois jours avant la chute du dictateur. Mais ces gaffes n'ont pas été évoquées dimanche soir par Nicolas Sarkozy. C'est que les erreurs commises et les défis posés par les bouleversements en Egypte, Tunisie et Libye, vont bien au-delà. Le président français a reconnu que «tous les gouvernements français» ont entretenu des relations avec ces régimes «parce qu'ils apparaissaient comme des remparts contre l'extrémisme religieux, le fondamentalisme et le terrorisme». Il a appelé à des initiatives pour accompagner les révolutions arabes, sans cacher qu'elles «peuvent aussi bien sombrer dans la violence et déboucher sur des dictatures pires encore que les précédentes». «Nous savons ce que pourraient être les conséquences de telles tragédies sur des flux migratoires devenus incontrôlables et sur le terrorisme», a-t-il averti. Au moment où les travailleurs étrangers fuient en masse la Libye, notamment vers la Tunisie en proie à l'instabilité, Paris rejoint Rome dans ses inquiétudes sur un afflux massif d'immigrés du Maghreb et d'Afrique noire en Europe. «Le meilleur moyen d'éviter des mouvements migratoires importants, c'est d'aider la Tunisie à réussir, c'est d'aider l'Egypte à réussir, c'est de faire en sorte que la situation se stabilise rapidement en Libye», a martelé François Fillon hier sur la radio RTL. Nicolas Sarkozy a aussi appelé à une «refondation» de l'Union pour la Méditerranée, un forum de coopération qu'il avait lancé en 2008 et qui est aujourd'hui complètement bloqué, en raison du conflit israélo-palestinien. Il a aussi demandé la convocation d'un sommet européen sur la Libye.