Hillary Clinton hausse le ton et réclame son départ immédiat. Les insurgés marchent sur Tripoli pour faire tomber le dernier bastion de l'ancien régime et débusquer son leader honni et contesté. «Nous préparons les forces pour marcher sur Tripoli et libérer la capitale du joug de El Gueddafi», a indiqué un membre d'un Comité révolutionnaire placé sous l'autorité du gouvernement intérimaire de Benghazi. Que dit El Gueddafi pendant ce temps là? «Ils m'aiment. Tout mon peuple est avec moi. Ils m'adorent tous. Ils mourraient pour me protéger et protéger mon peuple», a déclaré le dictateur libyen dans une interview, surréaliste, accordée à une journaliste américaine de la chaîne de télévision ABC. Des propos extravagants qui poussent à se demander si le dirigeant libyen n'a pas perdu la boule. Les Etats-Unis ont, quant à eux, les pieds sur terre. Ils ne tiennent pas à croiser les bras devant la volonté avérée de Mouamar El Gueddafi d'exterminer le peuple libyen. L'administration américaine dénonce le recours du «guide» de la Jamahiria à «des mercenaires et à des voyous» pour mettre à feu et à sang la Libye. «Il est temps pour El Gueddafi de partir, maintenant, sans autre violence ou retard», a lancé la secrétaire d'Etat américaine à l'adresse du dictateur libyen. Mouamar El Gueddafi, qui a sombré dans une folie meurtrière - ainsi que ses proches - ne s'en sortira pas cependant à bon compte. «El Gueddafi et son entourage doivent rendre des comptes pour ces agissements qui violent les obligations légales internationales et la décence», a souligné l'ex-Première Dame des Etats-Unis dans un discours prononcé à Genève du haut de la tribune du Conseil des droits de l'homme des Nations unies». Le chef de la diplomatie canadienne, Lawrence Cannon, a estimé de son côté qu'il «n'y avait plus de place dans le monde, à l'époque actuelle, pour des dictateurs mégalomanes et sanguinaires». Si les Etats-Unis d'Amérique demeurent extrêmement préoccupés par la situation humanitaire qui se dégrade jour après jour, ils ont, pour l'instant, exclu tout recours à la force pour mettre fin aux violences et chasser le dictateur libyen de son bunker tripolitain. Le Pentagone a indiqué lundi que l'armée américaine avait positionné des forces navales et aériennes autour de la Libye. «Nous avons des planificateurs qui étudient plusieurs plans possibles et je pense que l'on peut dire, à coup sûr, qu'au vu de cela, nous sommes en train de repositionner des forces en vue d'avoir la flexibilité nécessaire une fois que les décisions auront été prises», a déclaré à la presse Dave Laplan, le porte-parole du Pentagone. Visiblement, le président américain veut se réserver plusieurs options pour tenter de mettre fin le plus rapidement possible à l'entêtement de Mouamar El Gueddafi à vouloir, coûte que coûte, rester aux commandes de la Jamahiria. A l'issue d'une rencontre entre Barack Obama et le Secrétaire général de l'Organisation des Nations unies Ban Ki-moon, la représentante permanente des Etats-Unis à l'ONU a fait siennes les déclarations d'Hillary Clinton. «Il est temps que El Gueddafi parte», a réitéré Susan Rice. Le dictateur libyen est «en proie à des fantasmes» et demeure «déconnecté de la réalité», a souligné la diplomate américaine. «Je suis surpris, alors que nous sommes alliés à l'Occident pour combattre Al Qaîda, qu'ils nous abandonnent maintenant que nous combattons les terroristes. Peut-être veulent-ils (les Occidentaux, Ndlr) occuper la Libye?», s'est interrogé le dirigeant libyen en s'adressant à la journaliste de la chaîne de télévision ABC, Christiane Amanpour. A côté de la plaque, El Gueddafi ne veut pas descendre de son nuage. Plus dure sera la chute.