Quelques centaines de personnes résidant dans une Qaria (village) ont violemment pris d'assaut le cabaret La Z'riba, avant-hier vers 18 heures. L'assaut s'est soldé par le saccage et l'incendie d'une grande partie des lieux. Sur place, une image de désolation s'offrait à nos yeux et les nombreuses douilles de kalachnikovs retrouvées au milieu des débris hétéroclites et des bris de verre, confirmaient l'intervention musclée des éléments d'intervention rapide de la Gendarmerie nationale. «Après les tirs de sommation d'usage, ils ont usé de bombes lacrymogènes pour disperser les centaines de personnes qui s'adonnaient au saccage», nous révèle un témoin sur les lieux. Fort heureusement, aucune victime n'est à déplorer au terme de l'intervention déclenchée vers 22h, si ce n'est l'arrestation de 13 personnes résidant au village Qaria situé à proximité des lieux. 10 autres personnes ont été arrêtées le lendemain à leur domicile. 2 personnes seraient en fuite et devraient faire l'objet d'un avis de recherche après avis de l'instance judiciaire devant laquelle les 23 personnes seront présentées. L'utilisation de bombes lacrymogènes a permis aux éléments de la protection civile d'intervenir et de circonscrire le feu. Fait surprenant: Z'riba 2 a été incendié alors que Z'riba 1 était en parfait état. A ce titre, il faut préciser que ces deux cabarets ont chacun un gestionnaire. Certaines indiscrétions affirment que «les citoyens ont été manipulés et que des individus d'apparence islamiste, en raison des barbes hirsutes qu'ils portaient, ont coordonné l'assaut». Cette hypothèse a été quelque peu confirmée par moult témoignages recueillis sur les lieux. La coïncidence de ces incidents survenus à la veille du mois sacré du Ramadan est un indice révélateur de la probable véracité de cette hypothèse. «Nous avons été surpris par les assaillants qui nous ont attaqués à l'aide de cocktail Molotov, de barres de fer et autres matra-ques et tout le mouvement était coordonné par un individu de forte taille et barbu», nous révèle un employé, ajoutant: «Ils ont tout saccagé sur leur passage et ont emporté la plupart des objets qui se trouvaient à l'intérieur et n'eût été l'intervention des gendarmes, on aurait déploré des victimes.» Par ailleurs, les citoyens du village donnent une tout autre version. L'un d'eux, un sexagénaire, nous fait part «de provocation des videurs qui, armés d'épées, de couteaux et de cocktails Molotov, se sont dirigés vers nous pour nous sommer de ne point nous opposer aux activités des cabarets». Le même citoyen nous a révélé que «cette provocation est survenue à la suite de notre revendication de fermeture des lieux de débauche (prostitution, drogue et autres nuisances ainsi que le bruit infernale de jour comme de nuit) émis à l'endroit des gérants», précisant que «des pétitions et des plaintes ont été formulées aux gendarmes au mois de mai passé, mais qui sont restées sans écho». Nous avons appris, par ailleurs que l'assaut s'est fait au moment où se tenait une réunion au niveau de la daïra de Staouéli et qui a regroupé le représentant du village, le maire, les représentants des forces de sécurité ainsi que les gérants des deux cabarets. Cette réunion a été organisée par les autorités pour trouver un compromis au différend qui oppose les gérants des cabarets et les citoyens du village qui se plaignent «des diverses nuisances de ces cabarets, dont ils sont victimes qui plus est, sont situés au bord de la seule route qu'empruntent leurs enfants et familles pour aller à l'école». Les citoyens n'ont pas eu gain de cause devant la légitimité accordée par la loi aux gérants des cabarets. Devant la complexité du compromis et les circonstances gravissimes qui en ont découlé, les éléments de la Gendarmerie nationale ont déclenché une enquête qui a conduit à l'arrestation des 23 individus. Après les 48 heures de garde à vue dictée par la loi, la justice devra se prononcer sur les griefs retenus contre les personnes incriminées, mais aussi faire toute la lumière sur toutes les circonstances qui sont à l'origine de cette émeute. L'instance judiciaire devra aussi se pencher sérieusement sur des cas similaires qui se sont produits à Bordj El-Kiffan et dernièrement à Annaba.