La sonnette d'alarme est tirée. Le risque de contagion existe. Il pourrait toucher des pays du golfe Persique comme l'Iran, l'Irak, l'Arabie Saoudite... Le baril de «Light Sweet Crude» a clôturé la semaine à 104,42 dollars, un niveau inégalé depuis 36 mois alors que la Révolution libyenne n'a pas encore connu son épilogue. Une catastrophe humanitaire semble imminente. Les violences sont montées d'un cran. Le prix de la liberté à payer pour le peuple libyen se chiffre en milliers de morts. Le sang continue de couler. L'or noir libyen se tarit. C'est schématiquement sous ce scénario que se joue le destin de la Jamahiriya. Une poudrière, un volcan en colère, qui risquent de faire exploser les cours de l'or noir. «Le pétrole libyen semble désormais perdu pour le marché pour une période prolongée», a conclu une communication inquiétante des experts de Barclays Capital. «Le marché du pétrole va être confronté à une longue période de turbulences, avec une série de problèmes géopolitiques qui vont pousser fortement les prix vers le haut», ajoutent-ils dans leur analyse. Ce climat alarmiste, qui risque de perturber fortement les marchés pétroliers, s'explique par la situation alarmiste qui prévaut dans certains pays comme Bahreïn, l'Iran, l'Irak ou le Nigéria. Un point de vue que partage le spécialiste de Lipow Oil Associates, une société de conseil basée à Houston, au Texas, spécialisée dans les informations et l'analyse des tendances du marché pétrolier. «Les divisions semblent s'accentuer. Les perturbations d'approvisionnement (de pétrole) vont se poursuivre pendant plusieurs mois. La Libye représente une offre importante pour le monde, dans un environnement où la demande augmente», a prévenu Andy Lipow. «En outre, on va avoir une baisse de la production en Nigeria et Angola en raison de la maintenance dans les mois à venir, cela va accentuer le déficit de brut léger», a-t-il poursuivi. Il faut souligner que le Nigéria, qui pointe à la 5e place des pays membres de l'Opep, occupe la 10e place au niveau mondial. Sa production quotidienne, qui était de 2,5 millions de barils en 2006, est retombée à 1,7 million en 2009. Si l'on ajoute les probables perturbations qui pourraient secouer des pays comme l'Iran ou l'Irak ou l'Arabie Saoudite... Des centaines de personnes ont battu le pavé vendredi à l'est du Royaume wahhabite - qui est à majorité chiite - pour réclamer la libération d'un dignitaire arrêté au cours de manifestations. Autant dire que le spectre d'un choc pétrolier est déjà agité. Le risque de contagion est-il réel? «Absolument, la situation pourrait toucher une autre région et affecter l'Iran et le golfe Persique», a déclaré l'analyste de la maison de courtage Lind-Waldock. Quelles seront les conséquences de ces bouleversements? «De nouveaux investisseurs vont arriver sur le marché, cela pourrait amener les cours à 110 dollars, voire 115 (à New York) en fonction des événements au Moyen-Orient», prévoit Rich Ilczyszyn. Cette tendance est-elle due à une crainte de pénurie? «Je ne pense pas que ce soit vraiment un problème d'offre et de demande, les échanges sont dirigés par l'émotion. Avec le week-end qui arrive, personne ne veut être positionné à la baisse. On ne sait pas ce qu'il va se passer. Le risque est trop grand.» Est-il encore temps pour contrer cette hémorragie? «Les chances d'atteindre rapidement une solution aux tensions géopolitiques semblent avoir diminué considérablement. Le marché du pétrole va être confronté à une longue période de turbulences», ont estimé les analystes de Barclays Capital. L'Opep risque d'être sollicitée pour pallier le manque de pétrole libyen. L'Arabie Saoudite s'y était engagée...Le vent de liberté qui souffle sur les pays arabes pourrait la contrarier.