«Choukran» c'est par ce mot que nos lauréats réalisateurs algériens (déjà détenteurs de prix spéciaux) et magrébins ont été récompensés samedi dernier, notamment le Marocain Mohamed Mouftakir de l'Etalon d'Or. Alors qu'on finissait à peine de célébrer cette année le Cinquantenaire des indépendances africaines, le Burkina Faso fêtait, samedi dernier, comme il se doit, au stade du 4-Août de Ouagadougou, son cinéma africain. La 22e édition du Fespaco, le plus grand festival dédié au 7e art africain au monde prenait ainsi fin, dans la liesse en ce 5 mars (il a débuté le 25 février dernier) en présence du président de la République du Burkina Faso, Blaise Campaoré, qui a présidé la cérémonie de clôture, de ce grand festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouaga. Comme il est de coutume ici, le Premier ministre y a assisté également ainsi que le ministre de la Culture. Présent également à ce festival, le ministre de la Culture français Frederic Mitterrand qui est monté sur les planches pour remettre un des prix. L'animation de cette soirée de clôture a été axée sur le spectacle chorégraphique et de danse de Salila Ni Seydou ainsi qu'un plateau musical varié composé d'artistes de renom tels que Fally Iupa, Sissao, Alif Naba, Wendy, etc. Un grand feu d'artifice a mis fin à la cérémonie après que fut dé voilé l'ensemble du palmarès. La soirée de clôture se poursuivra dans les salles de cinéma et au siège du Fespaco. Tout d'abord, c'est par un hommage au griot, feu Sotigui Kouyaté, que cette cérémonie a débuté. Aussi, il a été annoncé que le film égyptien Raconte, Sheherazade raconte de Yousry Nasrallah, avait été disqualifié en raison de la non-conformité de son support ou format semble-t-il. Avant de connaître le nom du grand vainqueur de l'Etalon d'Or, le suspense de mise, il a été présenté à ce public «des intègres» fort nombreux, les autres prix relatifs à la fabrication d'un film. On notera ainsi, le Prix du meilleur montage lequel est revenu au film Le Peuple du serment du Burkina Faso d'une valeur d'un million de francs CFA, celui de la musique au musicien Wasis Diop qui a été distingué pour sa participation à trois films: Un Homme qui crie, Un Pas en avant, les dessous de la corruption de Sylvestre Amoussou et En attendant le vote...du Burkinabé Missa Hebié, celui du son au film Pégase du Marocain Mohamed Mouftakir, celui de la meilleure affiche au film musical algérien Esaaha de Dahmane Ouzid, tandis que celui du meilleur scénario à Voyage à Alger de Abdelkrim Bahloul dont l'actrice principale Samia Meziane a été aussi sacrée meilleure comédienne au Fespaco. Voyage à Alger est une histoire quasi autobiographique. Celle du réalisateur. Une veuve de chahid décide de se rendre à Alger pour rencontrer le président Ben Bella et réclamer ses droits. En effet, on veut la chasser de la maison qui lui a été donnée par le propriétaire à son départ pour la métropole, l'ancien administrateur français de la ville, beaucoup plus humain que les militaires qui ont assassiné son mari. Elle rencontre Boumediene, son bras droit qui intervient en sa faveur. Un rôle de composition bien choisi où Samia Meziane n'a jamais été au top de sa forme, crevant tout simplement l'écran. Le Prix de la meilleure interprétation masculine est revenu au comédien du film Un pas en avant, les dessous de la corruption du Béninois Sylvestre Amoussou. Côté documentaire, ont été récompensées, nous affirme t-on, les oeuvres qui reflètent la diversité et la qualité des talents du continent. Ainsi, des mentions spéciales ont été décernées à State of mind, un documentaire de Djo Tunda Wa Munga (RD Congo) qui propose les plus beaux exploits des snowboarders de la nouvelle génération, à Sibi l'âme du violon du Burkinabé K. Michel Zongo, ainsi qu'à Indochine sur les traces d'une mère du Béninois Idrissou Mora-Kpai. Le Prix du meilleur documentaire a été quant à lui, décerné à The Uunbroken Spirit du Kenyan Jame Murago Munene pour «les valeurs humaines qu'il véhicule, la force du récit racontant le parcours d'une femme dans son combat pour la liberté et la démocratie». Côté court métrage, une mention spéciale a été attribuée au court métrage La Métaphore du manioc du réalisateur camerounais De Lionel Méta. Le Poulain de bronze d'une valeur d'un million de francs CFA est revenu à Tiny so du malien Daouda Coulibaly, le Poulain d'argent a pour sa part été décerné à Tabou de la tunisienne Meriem Riveill et c'est Garagou de l'Algérien Abdenour Zahzah qui a remporté le Poulin d'Or pour sa qualité de l'image et son sujet portant sur la quête de liberté chez l'artiste, dit-on. C'est un Abdenour ému, mais qui, faut-il l'avouer, n'en est plus à son premeir prix pour ce film qui confiera au micro de la Radio Alger Chaîne III: «Ce prix je le dédie au cinéma algérien et à tous ceux qui ont travaillé dessus. C'est un moment que l'on n'oublie jamais.» L'Etalon d'argent est revenu à Un homme qui crie du Tchadien Mahamat Saleh Aroun, Prix du jury au Festival de Cannes. Le Mec idéal de l'Ivoirien Owell Brown, une comédie romantique qui a enchanté le public burkinabé, est repartie avec l'Etalon de bronze. Enfin, le meilleur semble avoir été réservé pour la fin, le jury de la 22e édition du Festival panafricain du cinéma (Fespaco) a récompensé, ce samedi, le film du Marocain Mohamed Mouftakir, Pégase de l'Etalon d'or de Yannenga. Drame psychologique, Pégase raconte l'histoire d'une jeune femme, élevée comme un homme par son père dans le culte d'un Seigneur du cheval. Un film sombre qui se délie comme un thriller étouffant. Déjà auréolé de plusieurs distinctions au Festival de Tanger, au Maroc, le voilà qui repart encore une fois les mains chargées! Il est bon de signaler aussi, qu'après Ouagadougou, le Fespaco se déporte du 9 au 12 mars dans la ville de Bobo-Dioulasso (capitale culturelle du Burkina). Cette initiative offrira aux Babolais le privilège de vivre l'ambiance du festival et de voir de nombreux films, documentaires, sitcoms et courts métrages primés au cours de l'édition officielle du Fespaco.