La situation s'est sérieusement détériorée au Soudan où des combats opposent des fractions rebelles aux forces sudistes, alors que le gouvernement semi-autonome de Juba à décidé de suspendre le dialogue avec Khartoum. Les dirigeants sudistes ont annoncé hier qu'ils avaient suspendu le dialogue avec Khartoum, estimant que ce dernier voulait faire tomber le gouvernement semi-autonome du Sud-Soudan, avant l'indépendance du pays en juillet. «Nous avons des détails sur une conspiration visant à renverser le régime du Sud-Soudan, supervisée par le président Omar El Bechir», a déclaré lors d'une conférence de presse à Khartoum Pagan Amum, secrétaire général du Mouvement populaire de libération du Soudan (Splm), ex-rebelles sudistes. «Le projet, qui cherche à créer une grave instabilité dans le Sud, doit être mis en place par les services secrets au sein de l'armée et par des conseillers du président affectés à la sécurité», a-t-il ajouté, indiquant que pour cette raison, le dialogue avec Khartoum avait été suspendu. Il a indiqué que son parti connaissait les noms des conspirateurs et avait demandé à l'ONU d'enquêter sur «les crimes contre l'humanité» commis ces derniers jours dans les Etats de Jonglei et du Haut Nil, au Sud-Soudan par des rebelles qu'ils accusent d'être soutenus par Khartoum. M.Amum a ajouté que l'Armée populaire de libération du Soudan (Spla) envisageait de couper l'approvisionnement en pétrole au Nord, en réponse au complot présumé. Des rebelles ont lancé, avant l'aube hier, une attaque sur la capitale de l'Etat du Haut Nil, dans le Sud-Soudan, avant d'être repoussés par l'armée sudiste, selon un porte-parole de l'armée et une responsable locale, qui a indiqué que des policiers avaient été tués. Selon des témoins, 17 personnes ont par ailleurs été blessées et conduites à l'hôpital. La mission de l'ONU au Soudan (Minus) a indiqué avoir reçu des informations selon lesquelles un soldat de l'Armée populaire de libération du Soudan (Spla) et un employé de l'ONU figuraient parmi les blessés, ajoutant qu'une patrouille de maintien de la paix avait été envoyée sur place. «Il y a eu une attaque sur Malakal à 04h00 (01h00 GMT)», a expliqué Philip Aguer, le porte-parole de la Spla, les ex-rebelles aujourd'hui à la tête de l'armée de la région semi-autonome du Sud-Soudan, qui doit devenir indépendante en juillet. «Un petit groupe de miliciens est entré dans le centre de la ville et a commencé à tirer. La Spla les a repoussés, les faisant reculer derrière l'aéroport», a-t-il poursuivi. Une responsable à Malakal a confirmé que des combats soutenus avaient eu lieu et indiqué que des policiers avaient été tués. «Personne ne sait comment les rebelles sont entrés dans la ville. Mais nous avons été réveillés au milieu de la nuit par des combats intenses», a dit Susan Oyach, responsable au bureau du gouverneur d'Etat. «La milice a tué des policiers. Nous ne savons pas combien», a-t-elle déclaré, ajoutant que les rebelles avaient fui vers l'aéroport. Selon des témoins, des tirs sporadiques ont été entendus dans la ville à 11h30 (08h30 GMT), en dépit des assurances de l'armée que les rebelles avaient été repoussés. M.Aguer a attribué l'attaque au «groupe d'Ulony», un chef de milice dont les hommes ont combattu ces derniers jours la Spla à Owach, une ville à l'ouest de Malakal. Plus de 70 personnes ont péri dans ces affrontements, selon la Spla qui a accusé Ulony d'être à la solde de Khartoum. Le Sud-Soudan a connu ces derniers jours une recrudescence des violences.