L'accord de paix signé à Nairobi (Kenya), le 9 janvier 2005, qui mettait fin à un conflit déchirant le Soudan depuis vingt et un ans est sérieusement menacé. Les affrontements avaient alors fait près d'un million et demi de morts, plus de quatre millions de déplacés à l'intérieur du pays et 600 000 réfugiés dans les Etats limitrophes. Un triste bilan qui n'a pas l'air d'être clos au soudan. Depuis une semaine, des combats mettent aux prises les forces gouvernementales aux ex-rebelles de l'Armée populaire de libération du Soudan (SPLA) à Abyei. Cette dernière se situe au cœur d'une zone située sur la ligne de démarcation entre le sud et le nord du Soudan et revendiquée par les deux parties pour sa portée stratégique. Des organismes internationaux avaient alerté sur le fait que l'accord de paix de 2005 était menacé, appelant à une aide internationale pour régler la question épineuse d'Abyei. Le caractère pétrolifère de la région resterait la pomme de la discorde. L'Egypte voisine s'est dite «extrêmement inquiète de la nouvelle explosion» à Abyei, appelant gouvernement et rebelles à la retenue. La semaine dernière, des combats meurtriers avaient opposé dans cette même zone l'armée et les ex-rebelles sudistes, poussant la quasi-totalité des habitants à fuir. L'ONU a été poussée à évacuer son personnel. La SPLA a quasiment attaqué la ville d'Abyei. La tension monte entre les anciennes parties du conflit. Scènes de guerre au soudan : d'après l'agence officielle soudanaise Suna, les rebelles ont attaqué à l'aube en utilisant l'artillerie lourde. Pourtant, les protagonistes avaient signé, en 2005, avec le gouvernement de Khartoum un accord de paix globale mettant fin à 21 ans de lutte armée dans le Sud-Soudan. Un accord ayant suscité le soulagement général. Le conflit était considéré comme la plus longue guerre civile d'Afrique. Cependant, le statut d'Abyei n'a toujours pas été défini. Et on craint que les violences ne s'étendent à Agok, à 25 km au sud, où les organismes de l'ONU distribuent de la nourriture, de l'eau et des soins pour les 30 000 à 50 000 personnes déplacées par les affrontements de la semaine dernière. Pouvoir central à Khartoum et ex-rébellion s'accusent mutuellement de violer l'accord de paix de 2005 dans la zone d'Abyei. Les rebelles disent être dans l'obligation de faire face à ce qu'ils considèrent comme l'incapacité, voire le manque de volonté, du pouvoir central à mettre en place un protocole de gouvernement dans la région d'Abyei durant la période de transition. Une disposition stipulée dans l'accord de paix de 2005. En 2011, la population devrait décider par référendum si la région reste dans le Nord ou est intégrée au Sud, semi-autonome. Et si le Sud doit proclamer son indépendance coupant en deux le plus vaste Etat d'Afrique. M. B.