Les étudiants ont remis une lettre ouverte, au Président, dans laquelle ils demandent la démocratisation de l'Université. «Nous sommes venus nous rassembler devant la Présidence de la République, pas devant le fleuriste», tonne Amirouche, l'un des membres de la coordination nationale des universités, à un officier, à une centaine de mètres plus bas que le siège de la Présidence, sis à El Mouradia, sur les hauteurs d'Alger. Les étudiants l'ont fait hier. Plus d'une centaine d'entre eux ont observé un sit-in aux environs du siège de la Présidence de la Répulique. C'est le premier rassemblement réussi, cette année, à cet endroit hautement symbolique. Mieux, il s'est déroulé sans heurt. Retour sur un événement qui constitue un virage décisif dans la contestation estudiantine de cette année. Ils est 10h30. Les étudiants commencent à affluer vers les lieux. Ils viennent des universités de Boumerdès, Bab Ezouar (Université des sciences techniques Houari Boumediene - Usthb), Blida, Jijel, Chlef, Oran, Mostaganem, Constantine, Annaba, Skikda et Batna. Les grandes écoles sont aussi au rendez-vous, à l'image de l'Ecole nationale supérieure des statistiques et économie appliquée (Enssea) et l'Ecole préparatoire des sciences et technologie (Epst) de Tlemcen. Les lieux sont strictement surveillés par la police. Les flics en civil, nombreux, occupent les trottoirs des différentes voies publiques. Tous les chemins...ne mènent pas à la Présidence. Cela est loin de dissuader les étudiants. «Nous sommes venus remettre une lettre ouverte à Son Excellence le Président de la République. Nous sommes la crème de l'Algérie et nous disons halte! Il est impératif de réhabiliter l'Université», tranche Yahia, l'un des meneurs de la coordination nationale des universités. Les flics tentent de faire reculer les étudiants. Ces derniers tiennent bon. Ils désignent cinq représentants pour remettre leur lettre aux services de la Présidence. Ces délégués représentent Constantine, Oran, Boumerdès, l'Usthb, et les grandes écoles. «Il n'y a pas de divergence entre les grandes écoles et les universités. La question autour du système LMD et du cursus classique pose l'impératif de tenir les états généraux du système universitaire algérien», clarifie Ghilès, membre de la coordination des grandes écoles. Cette position tranche avec les rumeurs faisant état de désaccord entre les étudiants du système LMD et ceux du classique. La délégation monte à la Présidence. Elle est reçue au niveau du bureau du conseiller chargé des requêtes et des relations avec les citoyens. «Nous avons déposé notre lettre. Désormais, le Président de la République est informé de la situation de l'Université», a assuré Yahia. La lettre en question porte sur la nécessité de «la démocratisation de l'Université». Elle met, également, l'accent sur «l'évaluation de toutes les réformes de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique». A cette revendication, elle met le postulat d'associer la communauté universitaire. Les étudiants attirent, par ailleurs, l'attention de la plus haute autorité du pays sur les mesures d'urgence à prendre pour éviter le pourrissement. Il s'agit, entre autres, de la prise en charge immédiate et effective des revendications socio-pédagogiques des étudiants. Les contestataires revendiquent, aussi, «la dotation de l'Université en moyens pédagogiques adéquats et conséquents». Ils insistent sur «l'implication inévitable de l'Université pour l'essor de l'économie nationale et la mise en place d'instruments favorisant l'émergence de projets créateurs d'emplois et de richesses pilotés par des universitaires» Un fait curieux, lors du sit-in d'hier: l'absence des universités de Béjaïa, de Tizi Ouzou et de Bouira. «Nous les avons informés du rassemblement. Et je tiens à signaler qu'il n'y a aucune divergence concernent nos revendications. Aussi, les portes de notre coordination sont ouvertes aux étudiants de Béjaïa, de Tizi Ouzou et de Bouira», a assuré Yahia. Ces derniers ont décidé d'observer un sit-in, aujourd'hui, devant le ministère de l'Enseignement supérieur et de la recherche scientifique. «Nous ne participons pas à ce sit-in, car il nous est inconcevable de nous adresser au Président de la République, puis, revenir au ministère le lendemain», a argumenté Yahia. Le feuilleton de la contestation estudiantine est loin de connaître son épilogue.