La grève continue dans les différentes universités. Les délégués préviennent les étudiants d'une éventuelle récupération de leur mouvement par les organisations estudiantines. Désillusionnés, les étudiants s'adressent au président de la République, exigeant une réponse officielle, concrète et qui prendra en charge toutes leurs revendications. Les étudiants de l'USTHB ont déjà procédé à l'écriture d'une lettre ouverte au président de la République tout en maintenant leurs actions sur le terrain. Ils qui se sont réunis, hier, à l'université de Bab Ezzouar, et se sont entendus sur la poursuite de la grève et le blocage de toutes les activités à l'enceinte de leur campus. Le même constat a été relevé au niveau des universités d'Oran, Blida, Chlef, Tiaret, Béjaïa et Boumerdès. Les délégués de ces universités se sont donné rendez-vous aujourd'hui pour tenir un sit-in devant le siège du ministère de l'Enseignement supérieur. Ceux de l'université de Boumerdès veulent même camper devant leur tutelle. Pour rappel, ces étudiants ont déjà passé la nuit de jeudi à vendredi devant le ministère. Ni les averses et la vague de froid ni les intimidations des agents de police, menaçant les étudiants de les embarquer, ne les ont dissuadé. «Ils nous ont proposé de nous assurer le transport. Ce que nous avons refusé en leur expliquant que nous n'avions pas l'intention de quitter les lieux. Par la suite, un fonctionnaire du ministère est venu nous convier à une réunion avec le ministre», a narré Yahia, étudiant à Boumerdès. Devant l'attitude des étudiants qui ont fait la sourde oreille, «un officier en civil est venu nous demander qui voulait passer la nuit dans une cellule. Nous avions répondu que tout le monde était prêt», a-t-il ajouté. D'après l'étudiant, le ministre est revenu à minuit pour négocier avec les étudiants. «Il (le ministre) nous a envoyé un fonctionnaire à minuit qui nous a informé que le ministre voulait nous recevoir. Mais les étudiants lui ont tous tourné le dos, le laissant parler dans le vide», a asserté Yahia, qui se demande pourquoi le ministre n'a pas reçu les représentants des milliers d'étudiants qui se sont rassemblés durant toute la journée, confiant cette mission aux autres responsables du ministère. Les étudiants initiateurs du mouvement de protestation se démarquent par ailleurs de la grève générale à laquelle ont appelé les organisations estudiantines. «Nous sommes des étudiants libres. Il n'y a que les délégués que nous avons élu qui nous représentent. D'ailleurs, nous n'avons pas accepté les adhérents de l'UGEL ni ceux de l'UNEA parmi nous», a fait remarquer Mohamed, délégué de l'Institut de maintenance et de la sécurité industrielle d'Oran (IMSI). Pour sa part, Yahia rappelle que «ces organisations n'ont rien fait pour les étudiants. Elles n'ont aucune crédibilité». Questionné quant à la forme que prendra leur protestation au cas où ces organisations passaient à l'action, le délégué de l'IMSI d'Oran écarte toute éventualité de la suspension de leur mouvement : «Nous allons continuer à lutter pour l'annulation de décret 10-315 tout en faisant barrage aux manipulateurs», a-t-il tonné.