Alors que le débat sur l'ouverture audiovisuelle vient d'être relancé, on apprend de source sûre que la chaîne Beur TV, la télévision communautaire algérienne de droit français a été vendue à un opérateur algérien possédant plusieurs entreprises médiatiques en Algérie. On ignore le montant de la transaction qui s'est déroulée cette semaine à Paris. Cette entreprise qui a l'habitude de travailler en partenariat avec l'Entv est spécialisée dans la collecte des espaces publicitaires, la conception des émissions de divertissement et le doublage des programmes en arabe et en tamazight. Beur TV, qui était conventionnée par le CSA (Conseil supérieur audiovisuel) depuis le 8 janvier 2002 et destinée aux Maghrébins (beurs) vivant en France, avait été lancée le 1er avril 2003 par Nacer Kettane, directeur général, également P-DG de Beur FM. Fort du succès de sa radio, Nacer Kettane avait lancé son extension télévisée, mais le succès n'a jamais été au rendez-vous. La chaîne a tenté de développer des partenariats avec des télévisions maghrébines sur des événements politiques, culturels ou sportifs, notamment avec l'Entv (Algérie), l'RTM et 2M (Maroc), Ertt (Tunisie), mais l'expérience a été un fiasco. En difficultés financières, la chaîne avait signé avec plusieurs banques et investisseurs français, parmi eux l'enseigne très connue chez tous les Maghrébins de France, Tati, créée en 1948 par Jules Ouaki. Mais malgré cet apport financier, la chaîne ne décolle pas. Pour survivre, Beur TV diffuse des clips à la pelle, achetés à coups de publicité à un producteur algérien installé à Tizi Ouzou. Ses reportages sont filmés avec amateurisme et ne disposent parfois d'aucun standard professionnel. Il lui arrive de diffuser des concerts de musique sans son. Le 12 août 2009, la chaîne change son habillage graphique et diffuse des programmes sur l'actualité algérienne et plus précisément sur la Kabylie. Elle réussit à voler quelques téléspectateurs à sa rivale de toujours, Berbère TV. Mais sans plus. Et le mois d'aout 2010, le CSA met en demeure Beur TV et même Berbère TV de fournir, dans un délai d'un mois, le rapport d'exécution de ses obligations et de ses engagements pour l'année 2009 et de respecter ses obligations conventionnelles. A défaut, Beur TV risquait des sanctions pouvant aller jusqu'au retrait de son autorisation. Nacer Kettane avait, à plusieurs reprises, évoqué à des proches son désir de revendre son entreprise, mais aucun partenaire français n'était intéressé par l'achat d'une télévision qui n'avait pas réussi à s'installer dans le paysage audiovisuel français et encore moins algérien ou maghrébin. Il fallait qu'un entrepreneur algérien s'aventure pour acheter cette télévision dont même le slogan «Beur TV» est dépassé par le temps et la cause. Le nouveau propriétaire de la chaîne maghrebine, qui connait très bien le monde de l'audivisuel a déja établi sa feuille de route. Il envisage de mettre le paquet sur le Ramadhan pour se refaire une nouvelle santé audiovisuelle et récupérer ainsi de l'audience et bien sûr des annonceurs publicitaires.