La chaîne a presque 3 ans d'existence, elle se veut être un acteur important dans le futur traité d'amitié entre la France et l'Algérie... Les deux chaînes privées algériennes de télévision, Beur TV et Algérie Première, ont signé récemment un accord de partenariat donnant à Algérie Première l'opportunité de diffuser ses programmes sur Beur TV. Au delà de l'aspect professionnel de cet accord, il y a lieu d'en souligner la dimension symbolique. En effet, il s'agit là d'un bel exemple de coopération à 100% algéro-algérienne dans le domaine de l'audiovisuel. Les deux premiers responsables des deux chaînes nous en parlent. Ils en profitent également pour dire leur souhait de voir leur secteur d'activité s'ouvrir en Algérie. Ecoutons-les. L'Expression: Pourriez-vous nous parler de cet accord de partenariat que vous venez de signer avec Algérie Première? Nacer Kettane: L'idée de monter un partenariat et de permettre à Algérie Première, qui produit déjà des émissions en Algérie, de produire encore des émissions hebdomadaires, permet à cette chaîne d'avoir une visibilité plus importante. Pourquoi cette idée de partenariat aujourd'hui? Pour ce qui nous concerne, il s'agit de renforcer la proximité avec le public algérien où nous sommes déjà regardés, de développer encore plus cette proximité avec les citoyens à travers la culture, le sport, la musique et l'éducation, ensuite, il s'agit d'aider Algérie Première production, qui a aussi l'idée, peut-être dans quelques années, de lancer une chaîne, d'essayer de concourir un peu sur le plan de la relance économique aujourd'hui, en occupant le créneau de la communication et de l'audiovisuel pour pouvoir, à notre façon, participer à ce plan de relance économique initié par le président Bouteflika. Et de ce fait, participer aussi à alimenter la réflexion sur l'ouverture du champ audiovisuel en Algérie. On peut dire que Beur TV est bien regardée, mais on croit savoir aussi qu'elle pèche par un manque de moyens. Disons que la chaîne patine un peu en ce moment. C'est peut-être aussi la raison qui vous a poussé à aller vers une autre chaîne pour combler cette carence en se soutenant mutuellement? C'est vrai que cela ne nous permettra pas de nous alimenter en termes de programmes. Mais nous avons aussi d'autres accords avec des boîtes de production au Maroc et en France. Nous avons beaucoup de partenaires, notamment l'Entv en Algérie, la RaI italienne, 2M du Maroc... Nous avons une banque de programmes à travers l'Urti. Nous produisons aussi, nous mêmes, nos programmes en France et en Algérie depuis 2 ans maintenant. Mais c'est vrai que profiter d'une structure production comme Algérie Première va nous permettre de mieux travailler et de resserrer les liens avec la population algérienne et, peut-être, d'enrichir notre offre en termes de programmes. Quelles sont vos perspectives d'avenir? Nous, en tant que chaîne, c'est développer Beur TV qui est encore un bébé au sens de l'évaluation d'un outil audiovisuel. Elle aura 3 ans en septembre 2006. On a l'impression qu'elle existe depuis 10 ans. On est en train d'asseoir notre économie et c'est la chose la plus difficile, à savoir trouver les moyens financiers pour pouvoir être pérennisé. Notre ambition c'est vraiment d'être une chaîne généraliste, offrant à la fois aux Maghrébins de France des programmes qui les intéressent, aux Algériens d'Alger et aux Maghrébins du Maghreb une consommation occidentale et une culture orientale. Le consommateur télévisuel est maintenant très exigeant. On veut surtout être une passerelle entre l'Europe et le Maghreb, entre la France et l'Algérie, voire un acteur important dans le futur traité d'amitié entre la France et l'Algérie. Peut-on savoir comment est financée Beur TV? Beur TV est financée exclusivement par la publicité. Depuis 2 ans maintenant, nous avons à peu près dépensé plus de 4 millions d'euros, le plus gros de la publicité vient de l'Algérie. Nous avons ainsi des contrats avec Sonatrach, Sonelgaz, Aigle Azur, la Cnan et Air Algérie. Nous avons signé pas mal de contrats publicitaires. Nous avons signé aussi des contrats pour le tourisme au Maroc mais aussi avec de grandes entreprises marocaines. Le 3e pool publicitaire vient du Moyen-Orient et le 4e pool de France. Celui-ci arrive en dernier dans nos recettes publicitaires. En 2004, nous avons fait à peu près 1200.000 euros de publicité et en 2005 à peu près 900.000 euros. Donc, c'est la publicité qui finance Beur TV. On parle de déverrouillage du champ audiovisuel en Algérie. Etes-vous optimiste. Y croyez-vous? Je crois que tôt ou tard, il y aura l'ouverture du champ audiovisuel. C'est quelque chose d'inéluctable. Surtout en Algérie où il y a quand même une presse pluraliste et beaucoup d'initiatives. C'est normal que les pouvoirs publics semblent commencer par ouvrir le champ en ayant leur propre télévision, jeunesse, sport etc. L'ouverture de la radio est aussi inévitable. Je vous rappelle qu'au Maroc, aujourd'hui, il y a un appel d'offres radio et télé qui a été lancé. Tous les dossiers sont déposés. Les autorisations vont être délivrées dans les prochains mois. Donc l'Algérie, la Tunisie, l'Egypte... ne peuvent pas être en reste. Cela viendra tôt ou tard. Ce que nous voulons c'est la participation à cette réflexion concernant l'ouverture du champ audiovisuel, en donnant des garanties surtout de professionnalisme et de programmes attractifs pour la population algérienne.