La nouvelle est tombée le 18 août 2010 sur le site du CSA (Conseil audiovisuel supérieur), Berbère Télévision et Beur TV, deux télévisions communautaires algériennes de droit français, ont été mises en demeure de fournir au CSA leur rapport sur les conditions d'exécution de leurs obligations et engagements pour l'exercice 2009 et de se conformer, à l'avenir, aux exigences que leurs conventions respectives prévoient en la matière. Mais décision importante de la plus haute instance audiovisuelle en France ne signifie pas son arrêt, juste une mise en conformité avec le cahier des charges de l'audiovisuel français. Cette décision démontre néanmoins le non-professionnalisme de ces deux chaînes de télévision et le retard accusé par les deux chaînes pour être au diapason du paysage français depuis leur création début des années 2000 et leur non-respect des délais des engagements pris avec le CSA. L'existence de ces deux chaînes est due en grande partie au succès incontesté de leur version radio, Berbère Music et Beur FM. Leur reconversion à la télévision n'a jamais eu en revanche le succès escompté. Nacer Kettane, le P-DG de Beur TV, a lancé sa chaîne en décembre 2002 au lendemain de la création de Khalifa TV, voulant ainsi profiter de l'ouverture du champ audiovisuel dans le Maghreb. Mais Beur TV n'a pas réussi à capter les téléspectateurs en Algérie. Et malgré quelques soutiens avec quelques groupes financiers en Algérie et en France (notamment le groupe Tati), la télévision méditerranéenne n'a pas pu démarrer et son audience reste insignifiante. Alors que la chaîne revendique sur son blog (elle ne possède pas de site) 4 millions de téléspectateurs en Algérie et 100 millions dans le monde. Des chiffres impossibles à vérifier. Pour survivre, Beur TV diffuse des clips à la pelle, achetés à coups de publicité à un producteur algérien installé à Tizi Ouzou. Ses reportages sont filmés avec amateurisme et ne disposent parfois d'aucun standard professionnel. Il lui arrive de diffuser des concerts de musique sans son. Pour ce qui concerne Berbère TV, son audience est beaucoup plus importante en Algérie, et cela grâce à sa ligne éditoriale consacrée entièrement à la Kabylie. Son plus grand taux d'audience, elle l'a réalisé avec les événements du Printemps noir en 2001, où elle diffusait en boucle des images d'amateurs des émeutes en Kabylie. Aujourd'hui, la chaîne dirigée par les frères Mohamed Saâdi, avocat très connu sur la place parisienne, s'est tournée vers la culture et l'identité berbères, en créant une grille spéciale pour la Kabylie. La chaîne est dotée d'émissions de débat politique, artistique et même sportif, très suivies en Algérie et où défilent de grandes personnalités kabyles comme Idir, Malika Domrane, mais aussi Hannachi, Saib et même les députés Nordine Aït Hamouda et Saïd Sadi. Mais la réputation de Berbère TV en Kabylie, a pris un coup quand Stéphane Arrami, patron et rédacteur du site Kabyle.com, a dénoncé l'achat par Mohamed Saâdi, de nombreux noms berbères comme Massinissa, Jugurtha (noms de rois numides), Yal Music (genre popularisé par le chanteur Takfarinas) et plusieurs autres mots stratégiques liés à la culture nord-africaine. Du coup, Kabyle.com a été radié sans raisons de la Coordination des Berbères de France présidée par Mustapha Saâdi, le frère du président de Berbère Télévision. Et la tension n'a pas cessé entre les deux principaux médias kabyles. Cette affaire s'ajoute aux accusations de Boughermouh contre Brtv, qui dit avoir été spolié des droits de son film La Colline oubliée. Mais le plus gros coup porté à ces télévisions communautaires aux moyens professionnels limités, c'est la création de la chaîne 4 amazighe par l'Entv. Beaucoup plus professionnelle et présentant des productions et des films en tamazight, la Chaîne 4 a récupéré plusieurs téléspectateurs berbérophones et fait perdre à Brtv et surtout Beur TV, une partie de leur audience en Kabylie. Durant ce mois sacré, la Chaîne 4 a présenté un programme garni avec des sit-coms et des feuilletons en tamazight, alors que les deux chaînes ont présenté des spectacles médiocres qui ne cadrent pas avec le standard des télévisions professionnelles agréées par le CSA français.