S'il existe une volonté commune de mettre la pression sur le régime El Gueddafi, concrètement rien n'est encore fait! Les troupes du colonel El Gueddafi poursuivaient hier les «purges» des villes occupées par l'opposition. Pendant ce temps, l'espoir d'une prise de décision de la communauté internationale existe toujours malgré ses tergiversations. Ainsi, le G8 (groupe réunissant les pays les plus riches du monde) s'est séparé hier sans parvenir à une quelconque décision butant sur les indécisions des uns et le scepticisme des autres. Toutefois, la proposition française, de créer une zone d'exclusion aérienne et du renforcement des sanctions contre le clan El Gueddafi, à laquelle se sont associés les Etats-Unis et la Grande- Bretagne, a fait l'objet d'un projet de résolution dont copie devait être distribuée aux membres du Conseil de sécurité de l'Onu. «La Grande-Bretagne, la France, l'Allemagne et le Liban, pour la Ligue arabe, mènent les efforts pour bâtir une résolution qui devrait être officiellement envoyée (hier) aux autres membres du Conseil de sécurité», a déclaré un diplomate occidental sous couvert d'anonymat. Dans les conclusions d'une réunion de deux jours des chefs de la diplomatie du G8, fruit d'un accord laborieux, nulle mention n'est cependant faite d'une zone d'exclusion aérienne, voulue à l'origine par Paris et Londres. Berlin y est opposée, selon un diplomate français. Dans ce document, les ministres du G8 demandent «à Mouamar El Gueddafi de respecter les légitimes revendications du peuple libyen concernant ses droits fondamentaux, la liberté d'expression et une forme représentative de gouvernement» et le mettent en garde «contre les dramatiques conséquences d'un refus de sa part». Le G8 est, toutefois, d'accord pour dire qu'il faut de nouvelles mesures à l'encontre du pouvoir (libyen), une discussion urgente au Conseil de sécurité de l'ONU et une réponse à l'appel de la Ligue arabe de ce week-end pour une protection de la population civile en Libye. Sur le point de récupérer les deux grandes dernières villes, qui échappent à son contrôle, El Gueddafi a mis à profit les désaccords de la communauté internationale, pour terminer sa sanglante tentative de reprendre pied dans les provinces libérées. Pour Londres, Paris et Berlin, «il y a une volonté commune d'accroître la pression sur le régime El Gueddafi». Ainsi, sur le terrain, El Gueddafi, «marque des points», a admis Alain Juppé, qui a reconnu que la communauté internationale ne pourrait pas empêcher le colonel de reprendre Benghazi. Hier, des centaines de civils et insurgés arrivaient à Benghazi, fuyant Ajdabiya, sous le feu continu des troupes du colonel El Gueddafi. «Nous avons reçu beaucoup de bombes. Ils bombardent les maisons et les civils. C'est pour ça que nous sommes partis», a déclaré un insurgé. Ajdabiya, dernier obstacle avant le fief de l'opposition, est ainsi sur le point de tomber entre les mains des forces loyales à El Gueddafi.