A coups d'obus et raids aériens, les forces du régime progressaient hier vers Benghazi. Malgré les gains remportés par le régime d'El Gueddafi dans sa contre-offensive, la communauté internationale reste divisée sur la manière d'agir et protéger la population civile. Unique dans les annales de la guerre, le colonel El Gueddafi use de l'armement lourd (aviation notamment) contre la population libyenne trop facilement qualifiée de «rebelle» par lui, car elle rejette son régime dictatorial. C'est dans ce contexte que la Ligue arabe, sous l'impulsion des monarchies du Golfe, a décidé, samedi - suite à une réunion urgente des chefs de la diplomatie arabe - de donner son feu vert à l'instauration d'une zone d'exclusion aérienne au-dessus de la Libye, aux fins de protéger la population civile libyenne des massacres dont elle est l'objet de la part d'un psychopathe. A coup d'obus de chars et de raids aériens meurtriers, les forces loyales au colonel El Gueddafi avançaient hier vers Benghazi, l'épicentre de la révolution libyenne. Après la reconquête de Ras Lanouf et Brega, au prix de la presque destruction de ces deux villes, la ligne de front s'est déplacée davantage vers les provinces de l'Est, vers les villes tenues par les insurgés, qui tombent l'une après l'autre, non point faute de combattants mais du fait que les insurgés se battent quasiment à mains nues contre l'armada déployée par El Gueddafi. Les forces étaient par trop inégales pour que l'opposition puisse tenir longtemps face à la contre-offensive d'El Gueddafi. Cependant, le fait d'utiliser des armes de guerre contre une population désarmée mais qui conteste le pouvoir en place, confine en fait à un génocide et des crimes contre l'humanité. Rien, en effet, ne peut justifier l'utilisation d'armes de guerre contre son propre peuple. Plus, sourd aux condamnations et sanctions internationales, El Gueddafi s'est dit déterminé à venir à bout de l'insurrection. Au début de la révolte du peuple libyen, El Gueddafi affirmait qu'il ne détenait aucun pouvoir en Libye, si ce n'est un «pouvoir moral». Voilà donc quelqu'un prêt à exterminer son peuple pour conserver ce «pouvoir moral». Le démenti de ses propos que donne El Gueddafi - qui prouve qu'il aime le pouvoir plus que tout - est à tout le moins sanglant. C'est dans ce contexte difficile que la communauté internationale continue à s'interroger sur la manière de mettre un terme aux exactions du fou de Tripoli. Ainsi, la Ligue arabe, pour une fois agissante, à l'issue d'une réunion d'urgence au Caire, a décidé de donner son accord à l'instauration d'une zone d'exclusion aérienne au-dessus de la Libye, préconisée notamment par l'Union européenne. Même si l'instauration d'une telle zone reste du seul ressort du Conseil de sécurité de l'ONU - qui doit, en outre, avoir recours au Chapitre VII de la Charte de l'ONU pour ce faire - des discussions préalables étaient nécessaires pour, à tout le moins, avoir un consensus sur la question, avant d'en présenter formellement la demande au Conseil de sécurité. La Ligue arabe a, dès lors, appelé, samedi, le Conseil de sécurité de l'ONU à «autoriser la mise en place d'une zone d'exclusion aérienne» en Libye, estimant que le régime de Mouamar El Gueddafi avait «perdu sa légitimité» du fait des «violations dangereuses» commises contre son peuple. Notons toutefois, que l'Algérie, au même titre que la Syrie, a émis des réserves rappelant que le recours à une telle action reste une attribution du Conseil de sécurité de l'ONU. Ce qu'a fermement rappelé le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, samedi au Caire. L'Algérie a aussi appelé à l'arrêt immédiat de la violence en Libye et à l'ouverture d'un dialogue national sans préalables afin de permettre au peuple libyen de trouver des solutions qui répondent à ses aspirations et ambitions et qui garantissent l'unité et l'intégrité territoriales de son pays.