«Nous sommes des étudiants, M. le Ministre, répondez-nous! Ouvrez la porte du débat, M. le Ministre!» Un impressionnant dispositif sécuritaire a été mis en place, hier, aux alentours du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, lors d'un grand rassemblement de protestation observé par des étudiants venus de plusieurs universités du pays. Du coup, il est à signaler que plusieurs des délégués, représentant plusieurs pôles universitaires du pays, ont ainsi repondu à l'appel de la coordination nationale des étudiants autonomes (Cnae). Arborant des banderoles où l'on pouvait lire des slogans hostiles, adressés au premier responsable de l'Enseignement supérieur dénonçant son silence à la limite du mépris. «Où êtes-vous M. le Ministre? Nous sommes des étudiants répondez-nous! Ouvrez la porte du dialogue!», sont autant de slogans scandés par plusieurs centaines d'étudiants, hier, devant le ministère. Le nombre des étudiants mobilisés, hier soir à la veille des vacances du premier semestre, par la Cnae renseigne, à plus d'un titre, sur la détermination de la communauté estudiantine. Mais il convient également de dire qu'il s'agit d'une démonstration de force exprimée par des étudiants à la face de M.Rachid Harraoubia. Reprochant au ministre l'échec de sa stratégie de réforme de l'université et son incapacité à rendre à cette dernière la place qu'elle doit occuper, les étudiants, révoltés, ont indiqué qu'ils boycotteront cours et examens, tant que leurs revendications ne sont pas entièrement satisfaites. «L'attribution d'un double diplôme: master et ingénieur d'Etat avec un statut particulier pour les ingénieurs d'Etat des grandes écoles, l'instauration d'écoles doctorales au niveau de toutes les grandes écoles, l'ouverture du concours de magister aux étudiants évoluant dans le système classique, la facilitation d'accès au master et l'accès aux écoles doctorales sur concours écrit et non sur dossier», sont autant de doléances adressées à la tutelle, a déclaré A.Mounir, l'un des représentants de l'Université de Bouzaréah. Lui emboîtant le pas, Asma, une étudiante en première année lettres françaises, a soutenu, pour sa part, qu'au moment où les véritables représentants des étudiants observent un rassemblement devant la tutelle, d'autres étudiants, adhérents des organisations estudiantines, servent de bâton entre les mains du ministère. A ce sujet, il convient de signaler que des étudiants, en majorité affiliés aux structures estudiantines, ont entamé une campagne d'élection de leurs délégués, qui devront les représenter à la prochaine conférence nationale. Une source du ministère de l'Enseignement supérieur a fait savoir que chaque université a le droit de proposer 5 délégués. Les étudiants contestataires rejettent cette conférence. «Les étudiants qui prennent part aux débats à l'Entv et aux rendez-vous organisés par la tutelle, sont désignés au préalable. Quant à nous, ils disent que nous sommes des perturbateurs aux yeux de la tutelle», a fait remarquer Farid, un étudiant de Blida. Et de conclure, fidèle à sa politique de division des étudiants, «le ministre de l'Enseignement supérieur ne compte pas traiter des problèmes soulevés mais préfère maintenir ses supplétifs, qui se présenteront pour l'applaudir».