Les Accords d'Evian s'articulent autour de l'unité du peuple, l'intégrité du territoire et l'indépendance totale, selon Rédha Malek. A la veille du 49e anniversaire du cessez-le-feu (le 19 mars), le rapporteur des Accords d'Evian, Rédha Malek, lance un véritable SOS. Motif de son appel: la préservation de la souveraineté nationale. «La souveraineté d'un pays peut être remise en cause à tout moment de son histoire», a-t-il déclaré, hier, lors d'une conférence de presse animée au siège d'El Moudjahid, à Alger. L'Algérie aborde-t-elle une phase cruciale de son histoire où sa souveraineté est menacée? L'ancien chef de gouvernement convoque les éléments de l'histoire pour apporter des éclaircissements sur la situation politique nationale, actuelle. Et là, il jette un véritable pavé dans la mare. «Certaines dispositions des Accords d'Evian sont menacées», a lancé ce témoin privilégié des tractations qui ont consacré l'indépendance de l'Algérie. Les propos de Rédha Malek donnent froid dans le dos. Ils renvoient à un constat effrayant: l'Etat est menacé dans ses fondements. «La mondialisation menace l'intégrité territoriale des Etats qui se sont battus pour leur indépendance, à l'image des pays africains», a argumenté Rédha Malek. Son silence sur les événements que connaît le pays, ces derniers jours, est encore plus inquiétant. «Nous aurons tout le temps pour traiter de la situation de crise que traverse le pays», s'est-il contenté de dire. beaucoup de questions entourent la réserve de Rédha Malek sur ce sujet. Prépare-t-il une sortie médiatique fracassante dans les prochains jours? serait-ce une initiative politique? Le conférencier n'a pas soufflé mot. L'ancien président de l'Alliance nationale républicaine (ARN) se limite, pour le moment, à une lecture rétrospective de l'un des événements majeurs de l'histoire de l'Algérie indépendante. Il s'agit des Accords d'Evian. Il a rappelé que l'Etat algérien s'articule autour de ces textes historiques. «Ils (les textes) reposent sur trois principes fondamentaux: l'unité du peuple, l'intégrité du territoire et l'indépendance totale», a insisté Rédha Malek. Il s'est étalé sur le processus des tractations, qui a conduit au cessez-le-feu le 19 mars 1962. «Les négociations officielles ont duré un an», a-t-il rappelé. Les premiers contacts informels remontent, selon le conférencier, à...1955.«Ces premières approches coloniales étaient une tentative de sonder les intentions du FLN», a expliqué Rédha Malek. Il a replacé ces tentatives dans leur contexte historique. A l'époque, les gouvernements français se faisaient et se défaisaient au gré de l'évolution de la guerre d'Algérie. «Les chefs de gouvernement, à l'instar de Mendès France et Guy Mollet, ont envoyé des émissaires à Abane Ramdane et Ouamrane. Ces contacts n'étaient, cependant, que formels», a précisé Rédha Malek, pour éviter toute polémique sur ce dossier. Le FLN, de son côté, a posé deux préalables à toute négociation. «En premier lieu, le Comité de coordination et d'exécution du FLN a exigé que les émissaires français soient mandatés par le gouvernement. Aussi, il a exigé du côté français la reconnaissance de l'indépendance de l'Algérie», a souligné le conférencier. Il a, en ce sens, rappelé la position de Abane Ramdane: «Il disait: si nous descendons d'une marche, nous risquons de dégringoler complètement.»Il a rappelé que la crise politique de l'époque en France, a amené le général Massu et «les ultras défenseurs de l'Algérie française, à constituer le 13 mai1958 le Comité de salut public». Ce comité, selon le conférencier, a appelé le général de Gaulle à reprendre en main les affaires de l'Etat français. Rédha Malek a retracé le périple des tractations menées depuis Melun (département situé dans la région de l'Ile-de-France), en juin 1960, à la ville suisse d'Evian qui a connu deux rounds de négociations: Evian 1 (mai-juin) 1961 et Evian 2 qui s'est soldé par le cessez-le-feu, le 19 Mars 1992. Le 49e anniversaire de cet événement qui a marqué la victoire des Algériens sur les forces coloniales françaises, exige une lecture critique du parcours effectué par l'Algérie depuis cette date.