L'Iran a haussé le ton hier contre l'intervention saoudienne et émiratie à Bahreïn, avertissant les dirigeants de ces pays qu'ils pourraient connaître le même sort que l'ex-dictateur irakien Saddam Hussein pour cet «acte hideux voué à l'échec». «Cette intervention militaire est un acte hideux voué à l'échec, et les peuples de la région la mettent sur le compte des Etats-Unis», a déclaré le président iranien Mahmoud Ahmadinejad à l'issue du Conseil des ministres. Jusqu'à présent, les autorités iraniennes, soucieuses de ménager leurs relations avec leurs voisins arabes du Golfe, étaient restées relativement discrètes sur la répression de la contestation à Bahreïn, qui oppose une population majoritairement chiite, comme en Iran, à une dynastie sunnite. Téhéran avait également réagi avec prudence immédiatement après l'arrivée lundi d'un millier de soldats saoudiens et de 500 policiers des Emirats arabes unis à l'appel des autorités bahreïnies débordées par un mois de manifestations. Mais M.Ahmadi-nejad s'en est pris tour à tour hier, de façon plus ou moins voilée, aux dirigeants saoudiens, émiratis et bahreïnis, ainsi qu'aux Etats-Unis accusés d'avoir encouragé l'intervention pour protéger leurs intérêts dans la région. «Je dis à certains qui ont envoyé des forces armées à Bahreïn que par le passé, certains pays de la région ont envoyé des troupes chez leurs voisins et qu'il faut tirer les leçons de ce qui est arrivé à Saddam» Hussein, a-t-il déclaré. Le dictateur irakien avait attaqué l'Iran puis envahi le Koweït, avant d'être renversé après l'invasion de l'Irak en 2003 par une coalition emmenée par les Etats-Unis. «Les Etats-Unis ne sont pas un ami fidèle pour vous, et par le passé ils ont sacrifié leurs amis, notamment Saddam», a-t-il lancé. M.Ahmadinejad a aussi durci le ton à l'égard des dirigeants bahreïnis, sommés de répondre aux demandes de l'opposition, majoritairement chiite, qui réclame une démocratisation du régime. «Sur une population de 700.000 personnes, 600.000 protestent et veulent le changement. Il faut respecter le peuple et faire des réformes», a-t-il affirmé. Ce durcissement de ton est intervenu alors que les forces de police bahreïnies ont repris hier le contrôle du centre de Manama après en avoir délogé violemment les manifestants, faisant au moins trois tués parmi les protestataires. Il survient également au lendemain du rappel par Manama de son ambassadeur à Téhéran, les autorités bahreïnies qualifiant d'«ingérence flagrante dans ses affaires intérieures» des déclarations, mardi, de l'Iran.