Les menaces du Gspc de frapper les intérêts américains si la Maison-Blanche mettait à exécution sa riposte contre Ben Laden renseignent sur le désarroi que vit l'internationale terroriste depuis les attaques du 11 septembre. La relation entre le richissime saoudien et les groupes terroristes aux quatre coins du monde a été établie depuis que l'Armée rouge a quitté Kaboul. Les stratèges de la CIA, qui avaient soutenu Ben Laden et ses réseaux, s'étaient rendu compte alors que le disciple finirait par se rebeller et par constituer à moyen ou long terme une menace pour les pays occidentaux. Au lieu de mener une guerre frontale contre le chef terroriste et ses réseaux, les USA avaient tenté de récupérer des groupes pour réduire la capacité de «ses anciens afghans». Ils croyaient qu'en agissant ainsi, ils pourraient, un jour, compter sur ces islamistes pourtant nourris à la mamelle de Ben Laden. Washington accueillera sur son sol Anouar Haddam qui revendiquera des attentats terroristes et des massacres perpétrés par le GIA. Elle offrira le gîte aux idéologues de l'international islamiste. Les Tchétchènes, les Tamouls, les Afghans, certains Wahhabistes durs prêchaient leur révolution à partir des grandes villes des USA. On avait pensé que l'administration Clinton voulait, par sa façon d'agir, «domestiquer» ces groupuscules extrémistes pour contrer Ben Laden et avoir des atouts dans ses discussions avec ses partenaires européens. Les Américains avaient, à l'époque, après les attentats contre leurs ambassades en Tanzanie et au Kenya, tenté des opérations éclair contre Ben Laden, mais sans grand résultat. Les stratèges avaient conclu que le chef terroriste se ressourçait en puisant dans les rangs de la nébuleuse islamiste qu'il avait mise sur pied. C'est pourquoi beaucoup estimaient qu'il était préférable de s'attaquer aux sources de financement mises sur pied par l'organisation El Qaîda. Les réticences des Européens avaient compromis les résultats de cette bataille financière. En effet, l'Union européenne, beaucoup plus préoccupée par le lancement de sa monnaie unique l'euro, avait cessé ses attaques et ses remontrances contre les paradis fiscaux que sont le Luxembourg, Andorre et le Liechtenstein. Ben Laden et ses réseaux utiliseront des failles pour s'assurer des fonds qu'ils pouvaient mobiliser rapidement en s'appuyant sur des circuits difficiles à cerner. Le GIA, le Gspc et le Fida constitueront alors des garants sûrs pour certaines sociétés écran installées dans ces pays européens. Pour déjouer l'attention des banquiers sur les mouvements de fonds, les sociétés affiliées à la toile de Ben Laden eurent recours au transport de fortes sommes d'argent dans des valises. De nombreux Algériens ont été arrêtés en possession de fortes sommes, argent dissimulé dans le double fond d'une valise ou dans des caches aménagées sur certains véhicules. Le rôle joué par ces groupes terroristes algériens a été relevé dans certains rapports des services de sécurité européens qui soulignaient que Ben Laden avait défini des missions pour chaque faction qu'il contrôlait. Si pour ses opérations-suicide, il pouvait compter sur certains chiites et certains salafistes élevés aux principes du sacrifice, il confiait ses missions de renseignement aux égyptiens issus des rangs de la Jamaâ islamia et certains transfuges des partis baâthistes moyen-orientaux. Pour les missions de sabotage le vivier afghan était, pour lui, tout indiqué. Pour cette fois, les Occidentaux semblent conscients que la guerre contre la nébuleuse terroriste doit être totale car l'expérience a démontré que les frappes armées ne réduisent en rien leur capacité de nuisance. C'est pourquoi, les stratèges insistent sur la nécessité de mener une guerre sur tous les fronts, surtout financiers. L'Europe est sommée de réduire la permissivité de ses paradis fiscaux. Les mouvements de fonds sont dorénavant passés à la loupe des services de renseignement des pays occidentaux. Ce danger, le GIA et le Gspc l'ont compris, c'est pourquoi, pour leur survie, ils sont passés à l'offensive en proférant des menaces contre les intérêts américains. Mais, finalement, Ben Laden-Gspc-GIA, ce sont tout juste des éléments d'une nébuleuse qui ne résistera pas à une guerre réfléchie, concertée et résolue.