Au moins quinze personnes ont été tuées hier à Deraa, dans le sud de la Syrie, théâtre de manifestations sans précédent contre le pouvoir, selon un nouveau bilan donné par des militants des droits de l'homme. De nouveaux affrontements entre forces de l'ordre et manifestants ont fait quinze morts hier, selon un militant des droits de l'Homme, à Deraa, une ville du sud de la Syrie théâtre de protestations sans précédent contre le régime depuis vendredi. De violents heurts ont eu lieu dans la nuit près de la mosquée al-Omari, point de ralliement des manifestants à Deraa (100 km au sud de Damas), entre contestataires et forces de l'ordre qui ont tiré à «balles réelles», a indiqué un militant sous couvert de l'anonymat. Mais les autorités ont donné une autre version, imputant ces heurts à un «gang armé» et faisant état de quatre morts, selon l'agence officielle Sana. «Un gang armé a attaqué après minuit une équipe médicale dans une ambulance qui passait près de la mosquée al-Omari, tuant un médecin, un aide-soignant et le chauffeur», a affirmé Sana, ajoutant qu'un membre des forces de l'ordre avait aussi été tué. Sana a fait état de l'intervention «des forces de l'ordre (...) qui ont pu toucher (par balles) certains et arrêter d'autres membres de la bande armée». Selon l'agence, «ces bandes armées ont emmagasiné des armes et des munitions dans la mosquée». Pour appuyer ces affirmations, la télévision d'Etat a montré des images de pistolets, fusils, grenades et munitions stockés, selon elle, dans la mosquée. Les autorités ont en outre accusé les bandes armées d'avoir «terrifié les habitants en squattant des habitations proches de la mosquée d'où elles tiraient sur les passants et les fidèles se rendant à la mosquée». Elle ont dénoncé par ailleurs «des parties étrangères qui continuent de propager des mensonges sur la situation à Deraa». «Ces parties prétendent qu'elles reçoivent des messages et des photos de l'intérieur de la ville et que des massacres y ont lieu, pour inciter les habitants à se révolter», selon Sana. Des messages SMS, envoyés pour la plupart d'Israël, appellent les Syriens à provoquer des troubles dans le pays, selon elle. Les habitants de Deraa «coopèrent avec les forces de l'ordre pour poursuivre les membres du gang armé, les arrêter et les déférer à la justice», assure Sana. «Les forces de l'ordre ont tiré à balles réelles et lancé des gaz lacrymogènes sur les manifestants qui observaient un sit-in autour de la mosquée», a affirmé pour sa part un militant des droits de l'Homme. Mardi, plus d'un millier de manifestants scandant des slogans contre le régime s'étaient rassemblés autour de la mosquée et certains avaient commencé à dresser des tentes autour de ce bâtiment où ils comptaient passer la nuit. Un mouvement de contestation sans précédent a débuté le 15 mars en Syrie à la suite d'un appel via une page Facebook intitulée «la révolution syrienne contre Bachar al-Assad 2011», à des manifestations pour «une Syrie sans tyrannie, sans loi d'urgence (depuis 1963) ni tribunaux d'exception». De petites manifestations ont été dispersées depuis le 15 mars dans la capitale, puis le mouvement s'est étendu au sud du pays. Outre les décès d'hier, six manifestants ont déjà été tués depuis vendredi dans la répression à Deraa, selon le militant des droits de l'Homme. Des dizaines de manifestants ont par ailleurs été arrêtés depuis le 15 mars à travers le pays, selon des associations de défense des droits de l'Homme. Le président Bachar al-Assad, dont le parti Baas est au pouvoir depuis plus de 40 ans, n'est pas intervenu publiquement depuis le début des manifestations. M.Assad est arrivé au pouvoir en juillet 2000 à la mort de son père Hafez al-Assad qui avait gouverné le pays pendant 30 ans.