Depuis le 8 Mars, Journée internationale de la femme, et jusqu'au 15 avril, se tient à la galerie d'art de Bab Ezzouar une exposition collective d'arts plastiques placée sous le thème «Etoiles». Etoiles, subtil jeu de mots combinant la finesse et la délicatesse de la brillance de l'être au féminin pour l'art pictural et la passion de cet être pour l'art. Etoile, Nedjma, n'a-t-on pas confondu l'amour de Kateb Yacine avec sa passion pour sa patrie, sa mère? Ainsi, ce sont 30 femmes artistes-peintres qui prennent part à cette expo. Parmi elles, Mme Mellouli Souad, native de Tlemcen qui nous propose une nature morte avec des couleurs pastel et une oeuvre faite de peintures sur toile. Il s'agit d'une marine intitulée «La Régate». «Je suis autodidacte. J'ai fait des études scientifiques, mais j'ai toujours aimé peindre. Je peins depuis 20 ans. Comme je crée des bijoux, j'ai toujours eu ma boutique. C'est ma création. Je suis créatrice en bijoux.» Vous l'aurez compris, Mme Mellouli a une seconde passion, la création de bijoux. «Au départ, c'était les perles vu que dans ma région Tlemcen, on utilise beaucoup le djouher notamment pour la mariée. J'ai toujours adoré ça. Au début, je confectionnais des colliers pour ma tante, ma grande soeur, ma cousine, et comme j'aime travailler avec les mains, j'ai commencé à faire le bijou traditionnel. Après je me suis amusée à créer des choses. A mélanger les perles semi-précieuses aux perles ordinaires et mettre un peu de couleur ça fait un peu fashion. C'est accessible à tous les âges et à toutes les bourses», nous a-t-elle confié. Mme Mellouli évoque l'événement «Tlemcen, capitale de la culture islamique 2011» auquel elle prendra part, dit-elle avec «des parures, mais toujours en gardant la touche traditionnelle car cela fait partie de notre culture, notre patrimoine. Il y aura une collection traditionnelle et une autre propre à moi, c'est-à-dire de ma création». Cette expo collective a une marraine en la personne de Mme Belbahar Souhila, artiste-peintre algérienne de talent, âgée aujourd'hui de 75 ans. «Après Baya, c'est elle. Elle nous entoure, c'est une grande artiste qu'on respecte beaucoup, nous aide beaucoup, on a mis un de ses tableaux sur l'affiche de l'événement», souligne Mme Mellouli qui sera le guide de cette expo. Aussi, de prime abord, ce qui saute aux yeux, est cette multitude de genres picturaux. Cela va du figuratif à l'abstrait en passant par le portrait... Ouahmed Leïla peint sur verre, elle reproduit les miniatures de Mohamed Racim selon sa touche personnelle. Un travail raffiné qui change de la peinture sur toile. Elle n'a pas fait d'études en peinture, elle est également autodidacte. Elle sera présente à Tlemcen. La calligraphie arabe, ça entre dans ce cadre. Dans un autre registre, Zaâf Hassina est une peintre assez connue. Ses tableaux sont très colorés, renvoyant au style de Baya: «Dame nature» et «Mon village» sont les titres de ses tableaux. «Quand les gens viennent ici, ils se disent que c'est un peu Baya qu'ils retrouvent», indique Mme Mellouli. Benmohamed Amel aborde dans son oeuvre «Contempla-tion», les ombres du ciel grâce à une photo scannée puis reproduite sur grand format. Bensekhar Habiba est professeur de peinture. Elle a fait les Beaux-Arts. Elle a beaucoup exposé. Elle est présente ici via des portraits de femmes algéroises. Sa technique mixte est composée de collage de feuilles dorées sur peinture, notamment. Souhila Belbahar, la doyenne, est ainsi présente avec ce joli tableau reflétant une des villes d'Algérie, bien prisée par Etienne Dinet, à savoir Bou Saâda. Pour sa part, Bellal Nawel dans son tableau «Les secrets du monde» transparaît sa personnalité discrète, pleine de spiritualité. On y découvre une khamsa, la kobba d'une mosquée et notamment un instrument de musique que manie une fille. «Cette artiste- peintre vit dans son cocon, dans son rêve, je me permets de dire ça d'elle, car je la connais bien», affirme Mme Mellouli. Notons que ce tableau est accompagné, faut-il le noter, d'un extrait d'un poème de Djallal Eddine Roumi. Cherarak Nadia, de Tizi Ouzou, peint, quant à elle, un monde de musique en semi-abstrait, décliné par une silhouette de femme en violon saupoudrée sur un coin de la toile d'une sorte de sable marron, l'artiste étant, elle, céramiste avant tout. Mihoub Chrakira, elle, a beaucoup exposé, reçu des prix et a fait les Beaux-Arts. Elle peint beaucoup la femme. Le rêve se miroite également dans l'oeuvre abstraite de Kazuit Mériem: une vue de la terre à partir d'en haut. Lamri Djaouida a choisi ce titre dérangeant: «Mère, mer, amère» pour traduire sa vision du monde. Daouidi Amel revient dans cette expo avec son installation réalisée à l'aide de la récupération de bois et autres matériaux de l'artisanat. Des couleurs ocres atypiques mais très originales. Le portait est omniprésent via «La Boudeuse» de Bouaziz Mokhtaria, mais aussi les portraits de Kazouit Mériem: «Femme berbère» déclinée en couleurs pastel et une aquarelle en portrait donnant à voir un vieux. Enfin, une pointe de soufisme ensoleillé est discernable dans l'oeuvre de Mebarki Imène. Bref, une exposition de couleurs bigarrées et des thèmes à découvrir.