Ils sont vingt-quatre artistes peintres quasiment “inconnus au bataillon” à coexposer dans Ezzou'Art… Galerie, à se partager les murs de cet espace depuis le 27 janvier dernier, jusqu'au 5 mars prochain. Intitulée “La couleur dans tous ses éclats”, cette exposition collective est l'échantillon par excellence de ce qui se pratique dans les arts plastiques en Algérie, plus précisément dans la peinture. Un grand choix, voire un large éventail de tableaux, est proposé au visiteur. Elle a été aménagée de manière à constituer deux parties bien distinctes, qu'il est fort aisé de remarquer. Le côté droit accueille des toiles d'artistes peintres versés dans le figuratif orientaliste. Un style très demandé en Algérie. On y trouve des natures mortes (même traditionnelle), des paysages…des propositions certes qui n'ont rien d'exceptionnel, mais qui attirent grâce aux tons chauds et à leur vivacité, et aussi à une certaine touche qui donne toute sa particularité à l'œuvre, sa distinction des autres. On s'y croirait à l'époque des grands orientalistes qui venaient à Alger essayant de reproduire les belles couleurs que leur offrait la nature. C'est le cas avec Coucher de soleil (Hoggar) de Garni Malika, une passionnée de la couleur et des pinceaux – elle assouvit sa passion dans le tard grâce à la Société des beaux-arts d'Alger –, qui nourrit son inspiration de tout ce qui se rapporte à l'Algérie. L'autre partie de la galerie, à gauche, livre un patchwork de tableaux gravitant autour de l'abstrait ou plutôt le semi-abstrait. Des formes diluées, des formes anguleuses au tracé accentué, des toiles bigarrées, une superposition des couleurs, avec un mariage savamment réalisé, mais surtout exécuté. Que ce soit Menouar Belhoua avec Mon meilleur ami où tout est superposé, un travail à l'horizontal par-touche, ou Bellal Nawel et ses “Derwich Tourneur I et II”, une fluidité dans le mouvement, ou Chakira Mihoub, une autodidacte qui nous charme avec tableaux en hommage à la femme : Femme rebelle ou Grand-Mère, dans la même verve que M'hammed Issiakhem, avec la dureté en moins…, l'art et la manière sont perceptibles. Joe Kitawonya (République démocratique du Congo) a opté, lui, pour un abstrait influencé du cubisme. Un mélange bien réussi si l'on juge ses trois tableaux : Vraie conjugaison africaine (allusion à l'unité entre les peuples d'Afrique), le Mektoub et Femme sans voix. Les autres exposants n'ont pas démérité. Des visions picturales où le détail prime sur le général. Des tableaux mettant en valeur le mouvement et la couleur. “La couleur dans tous ces états,” une exposition collective riche en propositions. Le talent certain de ces jeunes artistes est plus qu'avéré, car à travers la cinquantaine de tableaux, une poésie en découle. Une harmonie visuelle happe le regard, invitant le visiteur à inaugurer son voyage initiatique pictural à travers un dédale fait de couleurs, de formes et surtout d'amour. “La couleur dans tous ces états”, exposition collective, tous les jours de 11h à 20h à Ezzou'Art… Galerie (Centre commercial et de loisirs Bab Ezzouar) jusqu'au 5 mars 2011.