Les populations concernées espèrent ainsi un renouveau économique. La réouverture de l'axe routier Tigzirt vers Dellys, qui coïncide avec l'approche de la saison estivale, a été accueillie avec joie par les populations locales. La décision prise lors de la visite du ministre de l'Intérieur, la semaine dernière, dans la wilaya est considérée comme salvatrice par les différents opérateurs économiques de cette région littorale à vocation essentiellement touristique. Les populations concernées espèrent ainsi un renouveau économique. Sur toutes les places publiques de la ville de Tigzirt, les commentaires et les appréciations des citoyens exprimaient à l'unanimité un sentiment de satisfaction et de soulagement. Car, en effet, la fermeture de cet axe de la RN24 a engendré un étouffement économique fatal pour la ville. Bien plus, les conséquences de la coupure, qui dure depuis deux décennies, se sont étendues pour accoucher de plusieurs autres problèmes pour les populations. En effet, l'axe routier en question a été fermé en 1994 à cause de la recrudescence de l'activité terroriste dans le massif forestier du Mizrana. Le caractère vital de cette route a tout de même poussé les populations locales à l'ouvrir, bravant l'interdiction. Pour acheminer des denrées alimentaires en direction des populations de Boumerdès touchées par le séisme de 2003, les citoyens avaient utilisé cette route pendant plusieurs semaines. Les mêmes populations ont dû emprunter ce raccourci pour s'approvisionner en denrées alimentaires et en gaz butane lors de la tempête de neige qui a touché la région du littoral en 2004. Ces deux parenthèses montrent l'importance vitale de cette route pour l'activité économique des communes de la région. C'est en effet un raccourci. Le citoyen de la région se trouve à quelque 25 km de Dellys. Avec la fermeture de cet axe, il doit faire pas moins de 60 km pour y parvenir et est obligé de faire 50 km au Sud pour passer par le chef-lieu de wilaya et faire 60 autres km pour revenir vers le nord, à Dellys. Le même parcours est devenu obligatoire pour se rendre à Alger alors que le plus court chemin est cet axe fermé. Ce fait émerge de tous les témoignages recueillis auprès des populations locales. Aujourd'hui donc, les populations, qui observent avec satisfaction les travaux de réfection de cette route, espèrent un regain d'activité économique. Lors de l'ouverture, les autorités ont décidé de réparer la chaussée après un glissement du sol, qui est survenu pendant sa fermeture au lieudit «Treizième». L'appellation, pour rappel, est dû à la situation du lieu à mi-chemin entre Tigzirt et Dellys. La distance séparant les deux villes étant 25 km. Tous, à Tigzirt, espèrent que la saison estivale, qui s'annonce, bénéficiera des services de cette route. Les gens viendront dans l'ancienne Iomnium depuis la capitale, puis Boumerdès sans être contraints de passer par la ville de Tizi Ouzou. Cette réouverture est aussi perçue comme un prélude à la solution d'un autre problème aussi pénalisant. Le retard pris par le projet d'alimentation de la ville de Tigzirt en gaz de ville a plusieurs fois conduit les populations à des grèves et autres formes de protestation. Prévu initialement pour passer via Dellys, le réseau n'a pas vu le jour à cause de la fermeture de cet axe qui empêche le début des travaux. Les pouvoirs publics ont tenté de contourner l'axe pour le faire passer par Makouda, mais c'était sans compter les multiples oppositions qui finiront par avoir raison de cette volonté d'alimenter cette ville touristique qui en a tant besoin. Enfin, pour illustrer l'importance de cet axe routier pour la vie dans les villes du littoral, les témoignages de l'ancienne génération sont édifiants. «Je me souviens qu'on prenait le car pour Alger, ici à Tigzirt. En moins d'une heure, on était dans la capitale», dit Saïd, la soixantaine. «Moi, je travaillais à Alger et j'allais et revenais chaque jour. C'était plus facile de travailler dans la capitale qu'à Tizi Ouzou», réplique son ami. Des témoignages qui prouvent, si besoin est que la fermeture de ce chemin a grandement contribué à la dégradation de l'activité dans ces contrées qui sont tombées, du jour au lendemain, dans une situation d'enclavement.