Le patron du RND a confirmé que son parti «s'associera» à toute révision, «même profonde», de la Constitution «Je ne suis pas partisan de ceux qui mettent la charrue avant les boeufs», c'est en ces termes qu'a répondu le secrétaire général du Rassemblement national démocratique (RND), Ahmed Ouyahia, interrogé sur ses intentions de briguer un mandat présidentiel en 2014. M.Ouyahia, qui s'exprimait dans une conférence de presse animée à l'issue des travaux de la 4e session ordinaire du conseil national de son parti, a soutenu que l'échéance est encore loin. Néanmoins, il a affirmé que la déclaration qu'il a faite le 30 mars à l'émission «Débat de l'heure» sur la chaîne nationale A3, selon laquelle ce serait la «rencontre d'un homme avec son destin», est liée à son souci d'édifier l'opinion publique sur le fait «que personne ne reste à la présidence de la République à vie, voire Bouteflika ne s'est pas fait élire à vie», sous-entendant ainsi que le Président Abdelaziz Bouteflika ne briguerait pas un quatrième mandat. Toujours sur le volet politique, il a indiqué qu'aucun parti n'a été consulté sur les réformes politiques que compte entreprendre le président de la République. Néanmoins, le patron du RND a confirmé que son parti «s'associera» à toute révision, «même profonde», de la Constitution. Une affirmation soulignée d'ailleurs dans la déclaration politique rendue publique hier, à l'issue des travaux de la 4e session ordinaire du conseil national de son parti. «Dans le respect de la Constitution et des principes de la République, le Rassemble-ment s'associera à toute révision, même profonde, de la Constitution, ainsi qu'à tout chantier d'amendement de lois régissant l'exercice politique pluraliste», précise la déclaration. Toutefois, le RND «demeurera opposé à toute démarche qui aboutirait à la négation du parcours de l'Algérie depuis le recouvrement de son Indépendance, ou qui sèmerait de nouveau la division de la société en remettant en cause les fondements de notre identité nationale ou les principes de notre système démocratique républicain». En d'autres termes, le RND dit non à la Constituante qui, de son avis, ouvrirait les portes de l'inconnu. Ainsi, M.Ahmed Ouyahia s'est dit disponible à apporter une contribution active à tout processus de réformes politiques visant à conforter la démocratie. «Non à la Constituante» Le Premier ministre parlant sous la casquette de secrétaire général du RND persiste et signe: «Il n'y a pas de crise politique en Algérie.» Pour lui, les mouvements de protestation qui se sont déclenchés ici et là, s'inscrivent dans un ordre social et non politique comme «veulent le faire croire certaines parties». soutenant donc l'idée que les mouvements de contestation ont pour objet les demandes de logements, d'emploi et d'augmentations salariales. Ce sont des doléances, a-t-il dit, qui ne s'inscrivent nullement dans le cadre politique, d'où il convient donc de souligner qu'il n'y a pas de crise politique en Algérie. En revanche, Ahmed Ouyahia a reconnu que des réformes politiques doivent être opérées, car celles-ci font partie du développement et de l'évolution naturelle d'un Etat. A cet effet, il a dénoncé la présence en Algérie, de certaines parties «qui cherchaient des cadavres», relevant que «la gestion de ces événements s'est faite sans verser de sang». S'agissant de l'incapacité des ministres, particulièrement celui de la Santé et son collègue de l'Enseignement supérieur, à gérer les crises qui secouent leurs départements respectifs, Ahmed Ouyahia a fait remarquer que «le malaise social ne dépend pas des hommes, mais dépend plutôt de tout un ensemble». Et de couper court à la spéculation: «L'échec de quelques ministres ne constitue pas une crise politique dans le pays». Le danger des lobbys «Les lobbys peuvent arriver au sommet du pouvoir s'ils ne sont pas d'ailleurs déjà arrivés», a averti lors de la même conférence, Ahmed Ouyahia, ajoutant que les différents lobbys se sont renforcés et consolidés à travers tous les fronts. Ils se sont, a-t-il soutenu, «frayés même un chemin pour s'introduire au sein des différentes institutions du pays». A ce titre, il a souligné que des postes à la députation ont été achetés par certains candidats qui se sont, malheureusement, offerts des sièges, aujourd'hui, à l'Assemblée populaire nationale (APN). Sans citer de noms, sans les identifier, il a tiré à boulets rouges sur les barons et la mafia financière qui, de l'avis du patron du RND, sévit exagérément depuis ces dernières années. M.Ahmed Ouyahia a fait savoir que ces derniers sont même à l'origine de certaines crises qui se traduisent sur le terrain par des tenqions sociales. A croire le SG du RND, les barons, composés en réseaux à l'intérieur comme à l'extérieur des institutions, «constituent réellement un danger pour l'Etat». M.Ouyahia a donc, pointé du doigt les barons de l'informel et les détenteurs d'argent sale: «Pour dire qui a exploité la situation des jeunes sortant dans la rue, il n'est pas important de donner des noms. Il suffit de savoir que l'argent sale a obtenu une partie de ce qu'il voulait, dont la suppression de la facturation et les chèques.» Et de poursuivre: «Tous les acteurs de la vie politique nationale et institutionnelle doivent unir leurs forces pour combattre les différents lobbys.» S'agissant des mesures prises par le Conseil des ministres suite aux protestations du mois de janvier dernier, M.Ahmed Ouyahia a indiqué que l'Etat n'a pas cédé et ne cèdera jamais aux pressions de quiconque, mais l'Etat gère plutôt des situations bien précises. «Les réponses apportées par l'Etat aux différentes revendications formulées par les différentes catégories sociales sont étudiées et évaluées sur tous les niveaux. Il ne s'agit guère d'un recul de l'Etat», a précisé le SG du RND estimant, par ailleurs que «l'Etat n'est pas faible. Mais il réagit comme une mère, impuissante devant ses enfants». Ouverture des médias Abordant le chapitre de l'ouverture médiatique, Ahmed Ouyahia a souligné que son parti soutiendra la création de chaînes de télévision avec un capital mixte (privé/public). Selon lui, «l'Etat doit garder sa mainmise sur l'audiovisuel pour contrôler la ligne éditoriale et certains programmes contraires à nos moeurs et à notre culture». Par ailleurs, Ahmed Ouyahia a, évaluant la presse nationale dite privée ou indépendante en connaissance de cause, indiqué qu'il sait qui sont les actionnaires et les propriétaires de certains journaux. «Nous connaissons qui sont derrière certains journaux. Ils sont pourtant, des fervent défenseurs du Programme du Président et ont joué un rôle important au cours de sa campagne électorale, bien qu'ils se comportent aujourd'hui en opposants et en acteurs, animant la vie politique nationale», a révélé M.Ahmed Ouyahia. Alors qu'au plan international, le conseil national du RND a déploré la poursuite des actions militaires de la coalition étrangère en Libye. Ainsi, il a appelé à un arrêt immédiat des combats fratricides pour que s'affirme une solution politique conforme à la volonté souveraine du peuple libyen frère. Dans le même sujet, il a démenti la thèse de la tiédeur de la diplomatie algérienne. «Nous ne pouvons pas nous positionner avec une partie contre une autre», a-t-il dit. Il a ajouté que l'Etat algérien «ne peut pas faire la guerre à la planète, ni accepter qu'un pays voisin se fasse massacrer. Il en va de notre sécurité».