C'est avec de la patience que le secrétaire général du RND affirme brider son ambition politique. L'ancien chef de gouvernement, Ahmed Ouyahia, a remis au goût du jour le débat sur la présidentielle de 2009 en soutenant qu'il est un homme politique patient. «Je suis un fils de cheminot et cela m'a appris qu'il faut aller doucement pour arriver sûrement au but escompté» a révélé le secrétaire général du RND, alors qu'il s'exprimait devant les journalistes en marge de la rencontre organisée avec les cadres de son parti, jeudi à Blida. Il exclue toute idée de campagne électorale pour les sénatoriales «et les autres élections». En effet, au premier degré, le but de la déclaration de M.Ouyahia vise à écarter toute idée électoraliste des rencontres de proximité qu'il organise avec les militants du RND. Mais comme le patron du RND est d'abord un homme politique, sa déclaration appelle à une seconde lecture. C'est que M.Ouyahia attendra le temps qu'il faudra mais il se présentera à l'élection présidentielle. C'est juste une question de temps. Cette affirmation renvoie à une autre déclaration qu'il a faite il y a une année à propos du même sujet. «Je ne me présenterai jamais contre Bouteflika», a affirmé M.Ouyahia, lors d'une conférence de presse sanctionnant les travaux de la 6e session ordinaire du Conseil national de son parti. On ne peut plus clair, le secrétaire général du RND a officiellement annoncé son intention de se présenter un jour à l'élection présidentielle. Avec la seule condition que M.Bouteflika ne soit pas en course. Or, selon les comptes rendus de la presse nationale et les dires de certaines personnalités du sérail, la nouvelle Constitution en gestation permettrait au président Bouteflika une troisième et même une quatrième mandature. Donc, M.Ouyahia doit attendre. Il lui faudrait alors de la détermination pour aller à contresens de l'ambition politique. Et M.Ouyahia a les moyens pour contrer son ambition politique: c'est la patience. Ainsi au calme plat qui a succédé à l'effervescence prématurée pour la présidentielle de 2009, l'ex- chef de gouvernement vient de donner un nouveau souffle à la polémique. Une polémique qui intervient au moment où le MSP et le FLN occupent le terrain par la surenchère politique. Les deux partis se tirent sur les pattes à propos de la corruption. Le fléau occupe les manchettes et les débats publics juste à l'approches des législatives et des sénatoriales. Le président du MSP, Bouguerra Soltani, ne cache pas l'ambition de succéder à Bouteflika. Plus encore, il promet de faire du MSP le premier parti d'Algérie d'ici à l'horizon 2012. Une façon de défier le FLN de Belkhadem. A ce stade, l'ex-chef de gouvernement préfère occuper la place d'observateur en attendant la décantation. Il réaffirme, à chaque sortie médiatique, sa fidélité inconditionnelle au président Bouteflika ainsi qu'à son programme. Silencieusement, sans grands bruits ni tapage médiatique, Ouyahia et son parti savourent la victoire du report de la révision constitutionnelle remportée sur le FLN après deux années de guerre et de tiraillements en sourdine.