L'ancien diplomate algérien réaffirme que les deux réacteurs nucléaires algériens sont inspectés régulièrement par l'Aiea. La catastrophe nucléaire de Fukushima réalimente les débats en Algérie. Hocine Meghlaoui, ex-ambassadeur représentant permanent auprès de l'ONU, a estimé avant-hier que cet accident incite tous les pays à la réflexion. Cela lors d'une conférence-débat qu'il a animée au siège du Centre de recherche stratégique et sécuritaire, sis à Ben Aknoun, à Alger. Ce qui ressort de cette conférence-débat est que le monde ne peut sortir du nucléaire. Pourquoi? Pour l'ancien diplomate algérien, l'enjeu du nucléaire est multiple. Outre l'aspect sécuritaire et le volet financier, car le nucléaire «est un grand business», le nucléaire constitue aujourd'hui une ressource de l'électricité pour la majorité des pays européens. M.Meghlaoui annonce, à titre d'exemple, que 80% des besoins de l'électricité en France proviennent du nucléaire. Les autres pays d'Europe utilisent cette même énergie à des degrés différents et selon les besoins. Elle est utilisée à plus de 50% en Belgique, plus de 40% en Suisse, plus de 80% en Lituanie... Selon M.Meghlaoui, autant de facteurs et d'enjeux qui obligent les pays à recourir et surtout à développer cette énergie. L'occasion s'est offerte pour débattre des risques du nucléaire au lendemain de la catastrophe de Fukushima au Japon. D'emblée, le conférencier laisse entendre que ce qui s'est passé dans ce pays a été provoqué par une catastrophe naturelle. Autrement dit, l'accident nucléaire de Fukushima était une conséquence du tsunami et du séisme qui ont frappé ce pays. Le même interlocuteur n'a pas, pour autant, dissocié la catastrophe de Fukushima des grands accidents qu'a connus le monde tels Three Mile Island et Tchernobyl. C'est ce qui a amené M.Meghlaoui à revenir sur l'échelle des évènements nucléaires et radiologiques. Il rappelle que le premier niveau débute par une anomalie, pour atteindre le seuil d'un accident majeur en passant par des incidents graves. Abordant le volet relatif à la réglementation et la sécurité nucléaire en Algérie, le conférencier a rappelé que notre pays possède deux réacteurs nucléaires, En-Nur de Draria (2 mégaWatts) et Es Salam de Aïn Oussara (145 mégaWatts). Sur ce chapitre, l'ancien ambassadeur a expliqué que l'Algérie les utilise pour les recherches et non à des fins nucléaires. «Ils ne représentent aucun danger aussi bien sur les vies humaines que sur l'environnement», a-t-il expliqué. Et de réitérer que l'Agence internationale de l'énergie atomique inspecte régulièrement les deux réacteurs. L'assistance, composée d'experts et de chercheurs dans le domaine, ont profité de cette rencontre pour débattre de la question. Les intervenants se sont interrogés sur les capacités de l'Algérie à maîtriser le nucléaire après, notamment, les incidents pétrochimiques survenus à Skikda. Pour ces derniers, des situations similaires nécessitent un débat large et transparent pour savoir si l'Algérie est en mesure de maîtriser cette énergie, sans aucun danger. Dans le même chapitre, certains experts ont posé la problématique d'une éventuelle «dépendance de l'Algérie à certains pays» dans le domaine du nucléaire. C'est une hypothèse que M.Meghlaoui n'a pas partagé. Pour lui, l'Algérie peut diversifier ses partenaires comme elle ne peut pas être otage d'un seul partenaire. «Il n'y a pas que Areva dans le monde», a-t-il répondu à un intervenant qui s'est dit «soucieux» de la question. Et d'insister que les traités internationaux en matière d'énergie nucléaire reconnaissent le droit inaliénable de tous les pays, à accéder au nucléaire civil et pacifique. Par la même occasion, le débat a été ouvert sur les intentions réelles de l'Algérie de développer le nucléaire, vu que des informations contradictoires parviennent du gouvernement, selon l'assistance. Chakib Khelil, ancien ministre de l'Enregie et des Mines, avait affirmé que l'accès de l'Algérie au nucléaire n'était pas une priorité. Or, l'actuel ministre, Youcef Yousfi avait déclaré que l'Algérie n'a pas d'autre alternative que de recourir, à long terme, à l'énergie nucléaire pour la production d'électricité.