Le gouvernement du nouveau président ivoirien, Alassane Ouattara, tentait hier de contenir le chaos qui s'est emparé d'Abidjan après une guerre de dix jours, et de remettre sur pied des forces de l'ordre pour lutter contre les pillages et les violences. Des patrouilles de gendarmerie ivoiriennes et françaises vont circuler dans la principale ville du pays pour montrer qu'un «Etat de droit se met en place» après l'accession au pouvoir d'Alassane Ouattara, a annoncé à Paris le ministre français de la Défense, Gérard Longuet. Les forces de sécurité ivoiriennes «se mettent en place», a-t-il aussi souligné. «A cet instant, ont fait acte (...) de disponibilité au président élu, le directeur de la gendarmerie, le directeur de la police, le chef d'état-major des armées, le chef d'état-major de l'armée de terre», a-t-il détaillé. Pour rétablir la sécurité à Abidjan, le ministre français de la Défense qui s'exprimait hier devant des députés, n'a pas précisé quand débuteraient les patrouilles de gendarmes français et ivoiriens ni si elles seraient conjointes. Mardi, au lendemain de l'arrestation du président sortant Laurent Gbagbo, qui avait refusé pendant quatre mois de reconnaître sa défaite à la présidentielle et qui a été assigné à résidence, la capitale économique était encore le théâtre de pillages. Dans certains quartiers, des coups de feu se faisaient entendre et les Forces républicaines de Côte d'Ivoire (FRCI, pro-Ouattara) avouaient être débordées. La situation humanitaire est également très difficile dans l'intérieur du pays, notamment dans l'Ouest où les combattants des deux camps ont été accusés d'exactions par l'ONU et des ONG. Les quatre mois de crise ont fait au moins 800 morts dont la moitié à Abidjan, selon l'ONU. Mardi soir, Amnesty International a déclaré que les partisans du président Ouattara «doivent cesser toutes représailles et violences» à l'encontre de ceux de M.Gbagbo. «Alassane Ouattara doit rétablir la loi et l'ordre en donnant des instructions strictes à toutes ses forces afin qu'elles respectent les droits humains et protègent quiconque contre ces exactions «a déclaré Véronique Aubert, directrice adjointe du Programme Afrique d'Amnesty International. Dans son premier discours télévisé lundi soir, M.Ouattara avait annoncé vouloir mettre en place une commission vérité et réconciliation «qui fera la lumière sur tous les massacres, crimes et autres violations des droits de l'homme». Selon la Maison-Blanche, le président américain Barack Obama a appelé mardi M.Ouattara pour le féliciter de sa prise de fonctions et les deux dirigeants «ont insisté sur l'importance de voir des atrocités présumées faire l'objet d'enquêtes et de voir ceux qui les ont perpétrées, quel que soit le parti qu'ils aient soutenu, répondre de leurs actes». Mardi soir, le gouvernement ivoirien a annoncé que Laurent Gbagbo et certains proches étaient assignés à résidence «en attendant l'ouverture d'une enquête judiciaire». Le chef du Front populaire ivoirien (FPI), parti de l'ex-chef d'Etat, Pascal Affi N'Guessan, a dénoncé «un coup d'Etat perpétré par l'armée française». «Le pays est coupé en deux, on ne peut pas contraindre, par la force, les partisans de Laurent Gbagbo à soutenir M.Ouattara», a affirmé M.Affi qui a demandé la libération de M.Gbagbo et «l'ouverture de négociations en vue de réunir les conditions de l'apaisement et jeter les bases de la réconciliation nationale et de la stabilité du pays».