Le civisme des Tunisiens est resté intact, les Tunisiens déploient d'importants moyens pour accueillir les touristes algériens qui sont attendus pour la prochaine saison estivale. Des appareils d'Air France, d'Arabie Saoudite et des Emirats sont parqués sur le tarmac de l'aéroport TunisCarthage. Leur présence rassure et renseigne que la vie reprend ses droits en Tunisie, après le tumulte de la révolution de l'hiver passé. C'est qu'à l'orée de ce printemps et dès que l'on foule le sol de l'éternelle Tunisie, tout indique que les Tunisiens tiennent à la reprise, ils y veillent même. Cette dernière concerne tous les domaines de la vie économique et sociale, et plus particulièrement celui du tourisme, un secteur-clé qui fait vivre de manière directe ou indirecte plus de 30% de la population active de ce pays frère. Sur l'axe Tunis-Hammamet, la circulation automobile est fluide. La station Grombalia abrite toujours les mêmes commerces qui font quotidiennement l'objet de visite des voyageurs. Des voitures portant plaques minéralogiques algériennes sillonnent l'autoroute et se mêlent à d'autres véhicules à l'immatriculation européenne et qui parcourent allègrement la Tunisie. Au moindre passage, à la moindre halte, l'on remarque que la tradition d'accueil des Tunisiens est manifestement ancrée et sauve. En chemin, l'on n'est gêné par aucune présence ostentatoire de quelques barrages de police. Ces derniers qui étaient nécessaires à la faveur d'un certain «flottement» qui a suivi les évènements, ont fini par s'éclipser. Ce qui rend compte que la situation sécuritaire a été sérieusement améliorée, voire normalisée. Au demeurant, l'on relève que ce flottement n'aura été préjudiciable à aucun touriste, de quelque nationalité qu'il soit. C'est qu'au plus fort de la crise, le civisme légendaire des Tunisiens est resté intact et cette qualité est plus que jamais perceptible aujourd'hui. L.S., un Algérien un habitué de la Tunisie, où il passe depuis dix ans ses vacances, confirme cette tendance et ce regain de vie et de sérénité: «Ici c'est el amn oua el amane!» lance-t-il en langage dialectal. En fait, les Tunisiens sont les mieux placés pour comprendre l'enjeu que représente l'industrie du tourisme à l'intérieur de leurs frontières. Cette industrie est synonyme de 7% du PIB national tunisien et couvre 60% de la balance commerciale. Autant de chiffres qui sont appelés à être multipliés par deux voire par trois, estiment les professionnels du tourisme qui expliquent que le régime révolu a développé le tourisme balnéaire mais a fait l'impasse sur une bonne partie du potentiel touristique et culturel tunisien. A Hammamet Yasmine et en ce mois d'avril, l'hôtel Royal fonctionne à un régime moindre par rapport à l'année dernière et à cette période de l'année. Il est à l'image d'autres établissements hôteliers qui accusent des chutes d'activité variant entre -40% et -80%. «Ce déficit résulterait du manque d'arrivée de touristes européens qui avaient pour habitude de se rendre en Tunisie à cette période de l'année et qui vont peut-être encore différer leur visite pour une autre période!» déplorent les hôteliers qui ajoutent que ce qui se passe actuellement en Libye n'est pas sans impact sur une situation générale déjà très pénalisée. Ils rappellent que les deux millions de Libyens recensés par les statistiques du tourisme en Tunisie sont des touristes au sens classique du terme et effectuent généralement leurs voyages pour des soins. Le tourisme en Tunisie prend un goût de liberté Une réplique plus cossue du Royal Hammamet est située à Monastir, il s'agit du Royal Thalassa Monastir, un joyau que dirige M.Slim Zghal. Ce «5 étoiles» est implanté au bord d'une magnifique et large plage de sable doré. Récemment rénové, il arbore un style gréco-romain moderne et s'étend sur de vastes jardins verdoyants de cinq hectares. Il est situé à 2 km de l'aéroport de Monastir, à 7km de la Médina de Monastir et la Marina, et à 16 km de Sousse. Il propose 280 chambres dont 42 suites, avec tout ce qu'elles offrent en confort et en commodités. Cette merveille couve un temple du bien-être: Le «Royal Elyssa» qui est un centre de thalassothérapie et SPA qui s'étale sur 16.500 m² en trois niveaux, comprenant un centre de thalassothérapie «Thal'ion» une SPA «Cinq Mondes» un club fitness «L'Usine» un salon de coiffure Eric Zemmour -coiffeur ambassadeur L'Oréal professionnel, membre de l'équipe de création de la haute coiffure française- et une vingtaine de suites ainsi qu'un restaurant diététique. Des variantes du Royal Thalassa Monastir existent à Mahdia, à Sousse, au village Skanes et Shalimar. «Ces luxueuses oasis de confort et de détente seront mises à la disposition des Algériens dont nous attendons impatiemment le retour», souligne M.Slim Zghal qui signale que Monastir est une authentique porte d'entrée pour découvrir la Tunisie. La ville bénéficiant de lieux magnifiques tels que la mosquée du IX siècle, une superbe forteresse du VIIIe siècle et un remarquable Musée d'art islamique qui raviront les amateurs d'art et de culture, sans oublier une marina pleine de charme. Censés faire le plein vers la fin de l'hiver, ces bastions du tourisme ont finalement fonctionné à bas régime et à l'instar d'autres hôtels, ils ont vu leur chiffre d'affaires sérieusement écorné au premier trimestre, c'est-à-dire au plus fort de la révolution. «La sérénité est là! Et nous comptons sur le retour de nos amis algériens» Toutefois, précise M.Zghal, le secteur hôtelier, au prix de moult stratagèmes, a tout fait pour sauvegarder les postes d'emploi, c'est-à-dire garder la totalité des employés. «Libérer le personnel sur lequel nous avons énormément investi aurait été une grave erreur, car nous avons foi en la reprise!» estiment ce responsable et d'autres hôteliers. Assurément, en choisissant en masse la destination Tunisie, les Algériens seraient les premiers à aider le tourisme tunisien à surmonter cette difficulté imposée par l'histoire récente. Nombreux sont les Tunisiens à penser que les Algériens répondraient positivement à cet appel. Ils ne feraient alors que renouveler leur fidélité. En effet, la Tunisie a toujours été la destination favorite des Algériens. Ces derniers sont traditionnellement classés en troisième position après les Libyens (deux millions) et les Français (1,4 million), car ils sont près de un million sept cent mille ressortissants algériens à se rendre annuellement au pays voisin. Viennent ensuite les Allemands, les Anglais et enfin les Italiens. Toutefois, de nouveaux clients semblent lorgner la Tunisie, ils sont de Tchéquie, de Hongrie et surtout de Russie. «La sérénité est là! Et nous comptons sur le retour de nos amis algériens pour lesquels nous aurons une attention particulière!», a souligné M.Mehdi Houas, le ministre tunisien du Tourisme et du Commerce qui a évoqué le Week-end des ambassadeurs à Tozeur; une initiative du département du tourisme tunisien qui a vu plus de 40 ambassadeurs invités à passer un week-end au sud de la Tunisie, les 25 et 26 mars dernier. «Le Sahara tunisien, une Oasis de paix» était le slogan alloué à cette opération par l'Ontt (Office du tourisme tunisien) pour promouvoir après la révolution, le potentiel touristique du sud de la Tunisie. Le tourisme tunisien, qui fait sa révolution, se défait, désormais, de la politique restrictive imposée par l'ancien système et qui faisait la part belle au tourisme balnéaire. «Le tourisme culturel a été complètement occulté par l'ancien régime. Il s'agit désormais de révéler tout le potentiel touristique de la Tunisie. Le capital culturel trois fois millénaire de ce pays doit aujourd'hui être valorisé», a expliqué M.Mehdi Houas qui prend à coeur le renouveau du tourisme avec désormais, un goût de liberté en Tunisie.