L'est de la Libye va être le 195e Etat siégeant à l'ONU, juste après le Sud-Soudan. Le professeur Ahmed Adhimi, a tenu, hier, une conférence de presse au journal Al Chaâb pour aborder les dessous de la crise libyenne et la propagande visant l'Algérie. Adhimi affirme: «Il est exclu que l'Algérie ait envoyé des mercenaires en Libye.» Il regrette le fait que les diplomates algériens n'aient pas prédit les bouleversements survenus en Libye. Il s'insurge aussi contre le fait que le ministre des Affaires étrangères français ait appelé son homologue algérien pour lui demander des explications concernant les accusations du Conseil national de transition libyen quant à l'envoi supposé de mercenaires algériens. L'intervenant estime que la France n'a pas le droit d'interpeller l'Algérie à ce sujet. Il estime que l'Algérie aurait dû se montrer ferme comme elle l'a été concernant les évènements du Sahel, en prenant en charge la gestion du conflit libyen, qui menace les frontières et la stabilité du pays. «Toutes ces puissances ne devraient pas survoler l'espace aérien ouvert à côté de nos frontières», a expliqué l'intervenant. L'Algérie a-t-elle intérêt à voir tomber El Gueddafi? Adhimi estime que si un régime national pointe son nez, la réponse est affirmative. Il aurait fallu à ce moment-là soutenir ouvertement l'opposition, a-t-il poursuivi. Dans le Monde arabe, l'Algérie devrait jouer le rôle de puissance régionale «mais rien n'est fait dans ce sens et nous manquons de centres d'études stratégiques pour coordonner les stratégies à entreprendre», a expliqué Adhimi. «L'Algérie a besoin de changements, non de réformes, il faut changer et promouvoir la jeunesse», a-t-il poursuivi. La plus grande erreur commise par les Libyens était, selon Adhimi, de prendre les armes contre le pouvoir en place. En Tunisie et en Egypte, lors des révoltes, les deux régimes avaient entrepris une répression massive contre les manifestants. Le nombre des victimes avait atteint un seuil que l'opinion publique internationale ne pouvait tolérer. Ce sont les pressions internationales et le pacifisme des citoyens qui ont engendré, dans un premier temps, des concessions de la part des présidents tunisien et égyptien, a expliqué le professeur. En Libye, l'opposition a donné le mobile parfait aux Occidentaux, outre leur sollicitation du Monde arabe, pour intervenir, a-t-il poursuivi. La situation en Libye décourage les autres pays sur le point de se soulever par peur d'une intervention de l'Otan ou d'autres puissances. «L'évolution du conflit est en train de donner naissance à deux Etats en Libye», a déclaré Adhimi. Il y a d'un côté, l'Ouest, toujours sous l'autorité d'El Gueddafi, et de l'autre, l'Est, sous l'autorité du Conseil national de transition reconnu par la France, l'Italie et le Qatar. «La Libye de l'Est va être le 195e Etat siégeant à l'ONU, juste après le Sud-Soudan», a soutenu l'intervenant. C'est donc vers cette issue que se dirige le conflit libyen.