Mafias, crime organisé, blanchiment d'argent et terrorisme décrètent la sainte alliance Lors d'une journée d'étude organisée jeudi par la Cour suprême sur le phénomène de la contrefaçon, des magistrats, des juristes, des professeurs et des responsables d'institution ont présenté des communications traitant de ce phénomène qui a pris des proportions inquiétantes. Le président de la Cour suprême, Keddour Berradja, a déclaré que le phénomène touche tous les produits et se globalise en raison de l'intensification des échanges commerciaux. Même son de cloche chez M.Xavier Vermandele, juriste à la division respect de la propriété intellectuelle de l'Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (Ompi) de Genève. Il a souligné que les produits contrefaits et piratés dans le commerce international avaient représenté la somme de 250 milliards de dollars en 2009. Et d'admettre que malgré l'ampleur de ce phénomène, il est extrêmement difficile de mesurer l'étendue du piratage et de la contrefaçon dans le commerce international. Pour ce juriste, l'extension des moyens technologiques (Internet) et de distribution facilite la propagation des produits contrefaits. Des études montraient que les prix bas des produits contrefaits sont les premiers incitateurs à l'achat et l'amélioration de la qualité crée parfois la tentation. Selon lui, au moins 35% des consommateurs de produits contrefaits disent ne pas avoir les moyens de se payer des produits authentiques. Pour sa part, Chawki Djebara, professeur à l'Ecole supérieure de la magistrature et ancien directeur général des Douanes, a relevé que les produits contrefaits représentaient 25 à 30% du marché national et a souligné les dangers des produits contrefaits, notamment quand il s'agit de médicaments. Pour tous les Etats, la contrefaçon a un coût social important et constitue une source d'évasion fiscale et d'insécurité. La contrefaçon est également néfaste parce qu'elle affecte l'image de marque du produit authentique, engendre des pertes de parts de marché, et décourage les efforts d'investissement, de recherche, et de création, a-t-il indiqué. Par ailleurs, M.Djebara, a appelé le citoyen à la vigilance sur la qualité du produit, le prix, l'emballage et l'étiquette, le lieu de vente et l'argumentation du vendeur qui souvent sont, «aléatoires et fallacieux», a-t-il précisé. Plus de 1,6 million d'articles contrefaits ont été saisis par les services des Douanes algériennes en 2010, a révélé l'inspecteur divisionnaire de la direction générale des Douanes, Hannoun Mokrane. Selon lui, la contrefaçon est en augmentation permanente dans le marché informel qui ne peut être cerné avec des chiffres exacts. Hannoun a relevé que la tendance de la contrefaçon change d'année en année, mais elle concerne toujours les mêmes types de produits. Précisant que la majorité des produits contrefaits (61% en 2010) et saisis par les Douanes sont d'origine chinoise. Hannoun a souligné que les pièces de rechange automobile viennent en tête des articles contrefaits, suivies des produits cosmétiques, puis des cigarettes qui ont représentés 41% des retenues douanières en 2010. les articles de sports représentaient aussi un grand pourcentage des saisies, expliquant cela par la participation de l'Algérie à la Coupe du monde de football. Après avoir défini la contrefaçon comme toute atteinte portée au droit de propriété intellectuelle par la reproduction d'un produit ou d'une oeuvre sans autorisation, tous les expert qui se sont succédé à travers des présentations d'analyses, d'études et d'expériences ont avoué d'une façon unanime que la contrefaçon a des effets dangereux sur la santé et la sécurité publique. «Ce qui est inquiétant c'est que derrière tout cela se sont des mafias, et le crime organisé qui blanchissent de l'argent, et dans certains cas, des groupes terroristes», selon Michel Danet, secrétaire général de l'Organisation mondiale des Douanes de 1998 à 2008. C'est en livrant cette citation que l'ex- directeur des Douanes, Djebara Chawki a conclu son intervention.