Le bilan des tueries de vendredi et samedi s'est élevé à plus de 120 morts selon les chiffres donnés par les ONG syriennes des droits de l'homme et des ONG internationales. Suite à l'appel d'opposants via le réseau Facebook pour une journée du «Vendredi saint», plus de 120 personnes ont été tuées par balles en Syrie entre vendredi et samedi. Lors de la dispersion d'imposantes manifestations contre le régime par les forces de l'ordre vendredi, des centaines de personnes ont aussi été blessées dans des contestations qui ont rassemblé des dizaines de milliers de manifestants à travers la Syrie. La levée la veille de l'état d'urgence en vigueur depuis près de 50 ans, n'a pas empêché la police d'ouvrir le feu sur la foule dans plusieurs villes, selon des militants et ONG, alors qu'Amnesty international avait estimé, auparavant, que cette journée serait «un test de la sincérité du gouvernement dans l'application des réformes». Il s'agit de l'une des plus importantes mobilisations, mais aussi la plus sanglante, depuis le début le 15 mars, du mouvement de contestation sans précédent contre le régime du président Bachar Al Assad. Selon les militants et ONG des droits de l'homme, 15 personnes ont péri à Ezreh, dans la province de Deraa où la contestation est née, et 15 autres à Homs (centre). Environ 30 personnes sont mortes dans la banlieue proche de Damas, ont ajouté ces sources. A Douma, au moins douze personnes ont été tuées, à 15 km au nord de Damas. Selon la version officielle, les forces de l'ordre sont intervenues avec des gaz lacrymogènes et des canons à eau uniquement pour empêcher des heurts «entre certains manifestants et citoyens». De fait, les funérailles des morts lors du massacre de vendredi se sont transformées, samedi, en un autre carnage. Le ministère de l'Intérieur, justifiant la répression, avait indiqué qu'en vertu de la nouvelle législation, toute manifestation devait obtenir «une autorisation préalable des parties concernées». Face à ce massacre, les réactions internationales se sont enchaînées, condamnent les unes et les autres, les atrocités commises par le régime syrien contre son propre peuple. Le chef de la diplomatie britannique, William Hague, a d'ailleurs qualifié d' «inacceptable» le fait que des manifestants aient été tués par balles en Syrie et a demandé que la levée de l'état d'urgence soit vraiment appliquée. Il a aussi appelé les forces de sécurité syriennes à faire preuve de retenue plutôt qu'à réprimer, et les autorités syriennes à respecter le droit du peuple syrien à manifester pacifiquement. La Maison-Blanche s'est, quant à elle, dite «très inquiète», appelant «toutes les parties à cesser d'avoir recours à la violence» et «le gouvernement syrien à donner suite à ses promesses» de réformes. Le président du Parlement européen, Jerzy Buzek a, lui aussi, utilisé les mêmes termes pour condamner les événements de Syrie. Il a jugé «inacceptable» la répression violente contre des manifestants en Syrie qui a fait de nombreux morts, et appelé à la libération de tous les prisonniers politiques. Allant plus loin dans ses condamnations, le président Obama a soutenu que le régime syrien aurait cherché l'appui de l'Iran, son allié de toujours, afin de l'aider dans la répression de son peuple. De son côté, le président syrien soutient encore la thèse d'un «complot étranger contre son pays». La levée de l'état d'urgence, qui limitait de façon drastique les libertés en Syrie, était l'une des principales revendications des opposants, qui réclament désormais aussi des réformes démocratiques, la libération des détenus politique, la fin de la mainmise des services de sécurité sur la société ainsi que leur dissolution et l'annulation de l'article 8 de la Constitution, qui consacre l'hégémonie du parti Baas. Jeudi, outre la levée de l'état d'urgence qui interdisait les manifestations, M.Assad a approuvé l'abolition des tribunaux d'exception. Mais pour l'opposition syrienne, ces mesures restent insuffisantes.