Vingt-six personnes ont été tuées vendredi à Deraa dans le sud de la Syrie lorsque les forces de l'ordre ont tiré sur les manifestants pour les disperser, et deux dans le gouvernorat de Homs, ont indiqué hier des ONG syriennes. «La police et les agents de sécurité ont dispersé vendredi des manifestations pacifiques à Deraa en tirant avec des balles réelles, ce qui a causé la mort de 26 personnes» dans cette ville, épicentre de la contestation contre le régime syrien, ont précisé six organisations des droits de l'Homme dans un communiqué. Deux autres personnes ont été tuées vendredi dans le gouvernorat de Homs, dans le centre-ouest de la Syrie, par les tirs des forces de l'ordre, ont-elles ajouté sans préciser la localité où les violences se sont produites. Parmi les ONG, qui disent avoir la liste nominative des 28 tués, figurent notamment l'Organisation nationale des droits de l'Homme, le comité kurde pour les droits de l'Homme (Rassed) et le comité de défense des libertés démocratiques et des droits de l'Homme en Syrie. Des violences étaient survenues vendredi à Deraa, ville rurale de 85.000 habitants à 100 km au sud de Damas, où des milliers de personnes avaient manifesté contre le régime. Le président de l'Organisation nationale des droits de l'Homme, Ammar Qourabi, contacté au Caire, avait fait état d'un bilan supérieur pour les heurts de vendredi. Selon lui, 37 manifestants sont morts à travers le pays: 30 à Deraa, 3 à Homs, 3 à Harasta et un à Douma, deux villes proches de Damas. Par ailleurs, les autorités ont procédé les derniers jours à «des arrestations arbitraires» dans différentes régions. Au moins treize personnes ont été arrêtées notamment dans les villes de l'ouest de la Syrie à Lattaquié et Jabla, selon les ONG. Dans leur communiqué, les ONG ont demandé aux autorités syriennes d' «assumer leur responsabilité en mettant un terme à la spirale de violence, aux assassinats et au bain de sang dans les rues syriennes, quelle que soit l'origine de cette violence». Elles ont exprimé «leur inquiétude de la détermination des autorités syriennes à continuer leurs violations des droits et des libertés essentielles, tels le droit à manifester pacifiquement et la liberté d'opinion et d'expression». Plus d'une centaine de manifestants ont été tués par les forces de l'ordre depuis la mi-mars, selon des organisations de défense des droits de l'Homme. Les protestataires réclament notamment l'abrogation de la loi d'urgence qui réduit sensiblement les libertés. Depuis le début du mouvement de contestation du régime de Bashar Al Assad, les autorités imputent régulièrement les tirs lors des manifestations à des «bandes armées».