Les opposants se disent prêts à défier le monde et à se sacrifier pour la liberté, la dignité et la fierté. Plusieurs chars ont pénétré hier à Homs, la troisième ville de Syrie, alors que des milliers d'opposants au régime de Bachar Al Assad manifestaient dans différentes villes du pays, bravant l'interdiction édictée par le ministère de l'Intérieur. Cette semaine encore, le ministère de l'Intérieur a demandé aux opposants dans un communiqué «de s'abstenir de participer à tout sit-in ou manifestation». Après avoir demandé lundi, aux citoyens qui ont participé ou commis des actes contraires à la loi comme le port d'armes, l'atteinte à la sécurité ou la propagation d'informations trompeuses de se rendre d'ici le 15 mai et de remettre leurs armes aux autorités compétentes. Dans cette optique, et dans le but d'encourager les citoyens a se rendre, le ministère affirme «avoir libéré 361 personnes qui s'étaient rendues à la police». Alors que la communauté internationale exprime une inquiétude croissante face à la répression de la contestation du pouvoir du président Al-Assad, qui a fait, selon des ONG, au moins 600 morts depuis la mi-mars, rien ne semble cependant enrayer la volonté de l'opposition à aboutir à ses fins qui reste la chute du régime. L'opposition a effectivement maintenu hier, son appel à de nouvelles manifestations. «Aujourd'hui, c'est le vendredi du défi. C'est un message à tous ceux qui sont conscients de la situation. Nous ne bougerons pas. Nous nous sacrifierons pour la liberté, la dignité et la fierté. Pour elles, nous défierons le monde», affirme un texte posté sur le site «The Syrian Revolution 2011» créé par de jeunes militants. D'après un militant politique kurde, Hassan Berro, des manifestations rassemblant au total 9000 personnes, ont eu par ailleurs lieu à Qamishli, à Amouda et à Derbasiyeé, trois localités à majorité kurde dans le nord de la Syrie. En outre, selon un militant des droits de l'Homme, 2500 personnes ont manifesté à Banias, sur la côte méditerranéenne, et d'autres ont défilé à Kafar Noubol, à 240 km au nord de Damas, à Deir Ez-Zor, à 460 km à l'est de la capitale, et à Al Bukamal, une localité frontalière avec l'Irak. A Damas, une manifestation a eu lieu à la mosquée Hassan dans le quartier de Midane. A Saqba, près de Damas, des milliers de personnes ont défilé en réclamant la chute du régime et la libération des prisonniers. Dès jeudi, 300 personnes avaient été arrêtées dans cette localité. Selon un militant des droits de l'homme, cinq personnes ont été blessées par les tirs des forces de sécurité à Homs. Selon Najati Tayara, un autre militant à Homs «des dizaines de personnes ont été arrêtées dans la nuit de jeudi à vendredi dans plusieurs quartiers de la ville». A Deraa, épicentre de la révolte, l'armée poursuivait son retrait qui avait commencé jeudi matin avec le départ de 350 militaires à bord d'une vingtaine de camions suivis d'une vingtaine de transports de troupes «Durant toute la nuit, elles se sont retirées de Deraa et cela se poursuit aujourd'hui. Le départ des troupes se fait graduellement», a déclaré le général Riad Haddad, directeur du département politique de l'armée, laquelle a commencé son retrait jeudi matin. L'armée avait investi la ville le 25 avril pour mater la contestation qui y avait commencé le 18 mars.