Investir dans les fast-foods est devenu un créneau juteux pour bon nombre de jeunes, en quête de gain rapide et sans trop de charges financières, mais surtout sans aucune notion d'hygiène, encore moins de gestion. Depuis ces cinq dernières années, l'ouverture de différents types de fast-foods, dans plusieurs coins de la ville de Annaba, a triplé. On dénombre pas moins de 700 fast-foods, les uns du type mini-restaurants, les autres du genre gargotes, mais tous avec la même vocation, la restauration rapide. Dans ces points de vente de produits de très large consommation, les sandwichs, les hamburgers, casse-croûtes frites, omelette, et frites merguez, sont les plus demandés. Le chawarma quant à lui, est très prisé depuis quelque temps, par une large clientèle. Cette dernière très pressée, recherchant du rapide à consommer, dans les meilleurs délais possibles. Fonctionnaires, étudiants collégiens en passant par les hommes d'affaires, tous optent pour ces minirestaurants. Le temps des restaurants chics, où un menu était présenté au client, qui avait le choix d'une variété de plats, où le serveur en tenue exemplaire, venait prendre la commande, est révolu. Aujourd'hui, c'est l'ère de la consommation d'un quelconque sandwich au comptoir, sans se soucier des dangers générés par le manque d'hygiène des cuisines, encore moins des tenues des employés. En effet, nombre de ces restaurateurs n'ont pas reçu de formation adéquate, et n'ont pas d'expérience dans la gestion de ce genre d'activité sensible, qui exige de strictes mesures d'hygiène, d'autant qu'il s'agit là, d'éviter la survenue d'éventuelles intoxications alimentaires chez les consommateurs, ainsi que la contamination par toutes sortes de virus. Aujourd'hui, bien qu'il soit facile de vérifier l'hygiène de ces produits de bouffe rapide, par les soins des services de la DCP et du bureau d'hygiène communal, il demeure néanmoins facile pour certains, d'échapper au contrôle. Plusieurs propriétaires et gérants de fast-foods ferment boutique, chaque fois qu'ils sont informés du passage des services de contrôle. C'est dire le danger que représente cette activité sensible, sur la santé, voire même la vie du consommateur, car ceux qui l'exercent ne semblent pas y prêter grand intérêt. Les jeunes notamment se sont lancés dans ce créneau, aussi bien dans les quartiers huppés que dans les faubourgs de la ville. Les pizzerias qui, lors des années 1980 et 1990, faisaient la renommée de Annaba, ont mis la clé sous le paillasson, cédant la place à cette nouvelle vague du commerce de la restauration tous azimuts. C'est l'ère d'une nouvelle génération de consommateurs, ces derniers cherchent d'emblée le bon endroit, la meilleure qualité de produits consommables, sans trop se soucier de la prestation de service, encore moins de l'état des tabliers du personnel. «Généralement, ce sont des commandes à emporter et donc le client n'a pas le temps de remarquer l'état des lieux...», dira Naoufel, propriétaire d'un fast-food à la Place du théâtre.L'interlocuteur a mis en exergue la qualification du personnel, surtout lorsqu'il s'agit d'un commerce financé par l'un des dispositifs de l'emploi, comme le sien, financé par la Cnac. «Les personnes formées à la restauration reviennent cher, elles préfèrent travailler dans de grands restaurants ou hotels, car dans les petits restaurants comme le mien, la fourchette varie entre 8000 et 12.000 DA/mois. Mon endettement ne me permet pas d'engager un spécialiste dans la restauration à raison de 30.000 ou 40.000 DA, et puis ce type de personnel ne court pas les rues...» Naoufel, plus ou moins conscient de ce genre d'activité sensible, nous dira que «ceux qui exercent cette activité n'ont pas la moindre notion de prévention, quant à la santé du consommateur, c'est pourquoi, il est rare de trouver des fast-foods disposant d'un aménagement adéquat et répondant aux normes, encore moins d'un staff qualifié. Néanmoins, la balle reste dans le camp du propriétaire ou du gérant, qui doit veiller à l'hygiène de son commerce, et du coup, à celle des consommateurs...» Le constat est accablant dans une ville où l'été arrive, surtout avec les chaleurs qui se sont annoncées plus tôt que prévu. C'est dire que l'extension du créneau de la restauration rapide, à travers la multiplication du nombre de fast-foods, n'est plus un fait nouveau, ce sont plutôt les carences qu'ils enregistrent, qui demeurent un phénomène inquiétant.