Le terrorisme financier est de plus en plus pesant. Les comptes secrets dans les paradis fiscaux, vivent-ils leurs premiers jours d'enfer? La levée du secret bancaire promet déjà des révélations sur les réseaux financiers du terrorisme y compris en Algérie. L'Algérie figurerait-elle sur la liste des pays où circule l'argent sale lié au terrorisme. Seules les conclusions de l'enquête pourront l'affirmer. Beaucoup de membres du GIA, interpellés en Europe ces derniers temps, étaient liés à son blanchiment et à son financement. Parmi eux Rachid Ramda, condamné à mort par contumace par la justice algérienne, actuellement entre les mains de la justice britannique, soupçonné, depuis des années, par la justice française comme l'instigateur et le financier de la série d'attentats à Paris en 1995. Les juges d'instruction, spécialistes dans les grandes enquêtes financières, à leur tête les magistrats européens, ont subordonné la réussite de l'action mondiale contre le terrorisme, à la nécessité de lever le secret bancaire. Bien curieux hasard! Les places boursières les plus importantes ont assisté à la chute vertigineuse des actions des compagnies du secteur du transport et d'assurance qui allaient être touchées par les attentats du WTC, deux jours auparavant. Une vague de spéculations a attiré l'attention et a entraîné irrésistiblement les enquêteurs du FBI à fouiner dans les comptes secrets des paradis fiscaux longtemps protéges par l'Oncle Sam. Ces nombres impressionnants d'ordres de vente et d'achat d'actions, entraînant les valeurs à leur plus bas prix, mènent à deux hypothèses: ou les grands ordonnateurs étaient informés de l'attentat, ou ce sont les terroristes qui ont provoqué cela pour amortir le «coût de leur opération macabre» avec les plus-values. Les sept mille agents en charge de l'enquête baptisée «Pentbombe», ainsi que les gendarmes boursiers se penchent sérieusement sur la question, et la guerre mondiale contre les paradis fiscaux est déclarée. Les experts américains et européens estiment que «la guerre aux réseaux financiers sera beaucoup plus prometteuse que l'option militaire». Aussi, les juges d'instruction en charge des grands dossiers de corruption prédisent la tombée des masques de nombreux réseaux occultes qui financent le terrorisme, mais aussi la mise à nu des blanchiments d'argent spolié aux peuples des pays sous-développés par certains régimes corrompus qui ont des rapports indirects avec le terrorisme. Le ministre de l'Economie français, M.Laurent Fabius, s'est longuement étalé sur ce sujet lors de ses dernières interventions télévisées. Pour sa part, le juge d'instruction au pôle financier de Paris, est allé encore plus loin en défendant l'idée de la levée du secret bancaire qui, selon lui, demeure la seule garantie pour remonter les circuits occultes qui mèneront peut-être même aux Etats qui financent le terrorisme international. Cette approche a été également défendue par le responsable de l'Organisation des Nations unies pour le contrôle des drogues et la prévention du crime. Le seul handicap auquel s'attendront les enquêteurs est celui de la nature archaïque du réseau de financement du terrorisme international. Cette nature le rend particulièrement difficile à localiser. Dans ce contexte, un avocat fiscal de Washington a expliqué que depuis 1996, les services de renseignements occidentaux estiment à 26.000 le nombre de déplacements, entre 35 pays. Un vrai travail de fourmi chapeauté par Ben Laden fait par les petits porteurs de valises chargés de sommes réduites. Il y aurait aussi un autre réseau baptisé «Hawala» avec lequel des sommes plus importantes sont transférées sans passer par les circuits traditionnels. Il suffisait de demander à une personne de fournir des fonds dans un pays, qui lui seront remboursés dans un autre sans qu'aucun transfert ne soit fait. Cependant, les paradis fiscaux qui ont fait l'objet de longs débats lors du sommet international contre la corruption, refusent toujours de collaborer dans l'enquête menée par les Européens, qui risque d'être bloquée encore une fois, retardant l'échéance de la mise à nu de l'argent sale blanchi et aussi de l'argent blanc noirci par les actes terroristes.