«Le ministre appelle au lynchage des blouses blanches», a dénoncé le Dr Lyès Mérabet, président du Snpsp. «Les menaces du ministre (Djamel Ould Abbès) ne nous feront pas fléchir», déclare le Dr Hirèche, représentante du Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique (Snpssp), à l'hôpital Bachir-Mentouri de Kouba, à Alger. La quasi-totalité des médecins assistants que compte cet hôpital ont répondu à l'appel du Snpssp. La même situation est observée au niveau des autres hôpitaux de la capitale. C'est le point de non-retour. Les médecins généralistes et spécialistes sont depuis, hier, en grève illimitée. Cette grève a eu l'effet d'un tsunami sur l'ensemble des hôpitaux du pays, selon les statistiques données par le Snpssp et le Snpsp (Syndicat national des praticiens de la santé publique). «Le taux de suivi de la grève est de 80%», a annoncé le Dr Mohamed Yousfi, président du Snpssp, joint par téléphone. Le Snpssp est catégorique: la grève a été massivement suivie à l'échelle nationale. La paralysie à touché les hôpitaux et les centres de santé des différentes wilayas. Une déferlante blanche s'est emparée des wilayas du Centre. A Alger, Blida, Tizi-Ouzou et Aïn Defla, le mots d'ordre du Spnssp est passé comme une lettre à la poste. «Pas moins de 80% du personnel des praticiens spécialistes de ces wilayas sont en grève», a soutenu le Dr Yousfi. Les initiateurs de ce débrayage ont mis l'accent sur la mobilisation de tous les praticiens, à travers les différentes régions du pays. A l'ouest, le pic a été atteint dans les wilayas de Tiaret et de Mascara. «Le taux est de 100%, au niveau de ces deux wilayas», a révélé le président du Snpssp. Ce dernier a précisé que «deux wilayas dont le personnel n'est pas structuré au niveau du Snpssp participent à la grève. Il s'agit de Relizane et de Batna». Ce vent de contestation a, également, soufflé sur les wilayas de l'Est. Généralistes et spécialistes se sont mobilisés sous la bannière de l'Intersyndicale de la santé. Constantine, Annaba, Skikda, Khenchela, Mila et Tébessa ont vibré au rythme de la colère des praticiens. Les blouses blanches ont dressé un tableau noir de la situation que vit le secteur de la santé. Leur mobilisation accrue démontre que les solutions préconisées par le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière sont loin de satisfaire leurs revendications: on ne guérit pas un cancer avec un cachet d'aspirine. De son côté, le président du Snpsp, le Dr Lyès Mérabet a situé le taux de mobilisation des médecins généralistes «à 68%, à l'échelle nationale». Estimant que ce taux était «très satisfaisant», le Dr Mérabet a tablé sur une plus grande mobilisation dans les jours à venir. Il a répondu du tac au tac aux récentes déclarations du ministre Djamel Ould Abbès qui considère leur mouvement comme relevant de la manipulation politique. «Nos revendications restent dans le cadre socioprofessionnel. Par ces déclarations, le ministre appelle au lynchage des blouses blanches», a-t-il dénoncé. Le Dr Mérabet a, aussi, précisé que le Snpsp reste ouvert au dialogue. Cela dit, il a indiqué que le Snpsp «n'a pas reçu d'invitation dans ce sens, depuis la dernière réunion tenue mercredi». Le Dr Yousfi a fustigé, pour sa part, les pressions exercées par le ministère pour dissuader les praticiens d'observer la grève. «Le ministère a instruit les directeurs des hôpitaux d'appliquer les ponctions sur salaires et de relever le nombre d'opérations chirurgicales reportées par jour», a-t-il fulminé. L'Intersyncale de la santé a tenu une réunion, hier en fin de journée, pour «arrêter les lieux et dates du sit-in et de la marche nationale, prévus prochainement». Les praticiens radicalisent, ainsi, leur mouvement. Cela dit, le service minimum est «largement assuré», ont déclaré, tour à tour, le Dr Mérabet et le Dr Yousfi. Décidément, le secteur de la santé sombre dans un coma profond...