Abdelkader Messahel conduira la délégation algérienne à la réunion des ministres des Affaires étrangères des pays du voisinage du Sahel, prévue demain dans la capitale malienne. L'Algérie, la Mauritanie, le Niger et le Mali affûtent leurs armes et affinent leur stratégie en matière de lutte antiterroriste. En ligne de mire, la branche d'Al Qaîda au Maghreb islamique. «Cette réunion de coordination des MAE d'Algérie, du Mali, de Mauritanie et du Niger, qui sera précédée d'une réunion au niveau des experts, permettra de procéder à une évaluation de ce qui a été réalisé une année après la réunion d'Alger (mars 2010, Ndlr) et de définir les axes futurs en matière de lutte contre le terrorisme et ses connexions dans la région sahélo-saharienne», indique un communiqué du ministère algérien des Affaires étrangères répercuté par une dépêche de l'APS. Cette rencontre devrait permettre de «rationnaliser» l'action des pays du voisinage et d'optimiser les capacités dont ils disposent pour tenter d'éradiquer le terrorisme dans la région et ses activités connexes (trafic de drogue, d'armes, enlèvements des touristes étrangers...). Les chefs de la diplomatie des quatre pays doivent passer en revue les derniers développements qui ont affecté ou qui risquent de mettre le feu à la région et apporter des réponses aux nouveaux défis qu'ils ont induits sur la sécurité et la stabilité au sein de l'espace sahélo-saharien, à l'instar de la crise libyenne. «Les événements de Libye accroissent le potentiel de violence dans la région: nous avons enregistré sur notre territoire un afflux d'armes lourdes volées dans les arsenaux libyens», a déclaré le chef de la diplomatie malienne, Soumeylou Boubeye Maïga, dans un entretien publié le 3 mai par le quotidien Le Monde. L'Algérie, la Mauritanie, le Niger et le Mali entendent prendre leur destin en main sans interférence des puissances étrangères (Etats-Unis et France). Une position constamment défendue par l'Algérie et à laquelle semblent s'être ralliés ses voisins de la bande sahélo-sahélienne après quelques tergiversations, voire certains coups de canif portés en matière de coopération antiterroriste. La situation sécuritaire dans la région du Sahel demeure grave et préoccupante et «nécessite que nous conjuguions encore plus nos efforts pour pouvoir trouver les réponses les plus adéquates à cette situation», avait reconnu le chef de la diplomatie malienne qui a été reçu par le Président Abdelaziz Bouteflika le 27 avril 2011. Considéré comme le maillon faible de la lutte contre Al Qaîda au Maghreb islamique au Sahel, le Mali donne l'impression de vouloir coopérer sans rechigner avec l'Algérie pour mettre en échec les tentatives de déstabilisation de la région par la nébuleuse islamiste après avoir toutefois, cédé aux pressions françaises en ce qui concerne, notamment le paiement de rançons en échange de la libération d'otages. La crise libyenne ayant rendu incontournable la coopération au Sahel pour enrayer toutes velléités terroristes. «Nous avons convenu de consolider les mécanismes qui régissent les relations bilatérales pour que des avancées substantielles soient enregistrées durant l'année 2011 en matière de coopération sécuritaire sur la zone frontalière, de consultations et de coopération dans le domaine de la lutte contre le terrorisme», a indiqué le chef de la diplomatie algérienne, Mourad Medelci, à l'occasion de la visite effectuée par son homologue malien le mois dernier à Alger. Après une période de glaciation de cinq mois des relations diplomatiques entre Bamako et Alger, la réunion du 20 mai des ministres des Affaires étrangères des pays du voisinage du Sahel est annonciatrice de la conclusion d'un pacte implacable en matière de lutte antiterroriste et d'une guerre sans merci contre Aqmi.