L'Algérie a accueilli les ministres des Affaires étrangères et de la Défense du Burkina Faso, du Tchad, de la Libye, du Mali, de la Mauritanie et du Niger, pour la première conférence de ce genre, qui s'est tenue dans les environs d'Alger. «Nous sommes parvenus à un plein consensus pour s'attaquer au terrorisme dans la région», a expliqué aux journalistes Abdelkader Messahel, ministre délégué algérien aux Affaires africaines et maghrébines, au terme de cette réunion à huis clos dans un hôtel. «Nous avons opté pour une stratégie d'action. Nous allons passer à l'action, et l'une des mesures sera une réunion entre militaires et spécialistes de la lutte antiterroriste, en avril, dans la région d'Alger», a-t-il indiqué. La perspective de cette réunion, qui, selon Messahel, se tiendra au niveau des chefs d'état-major des armées, laisse penser que les pays du Sahara vont commencer à échanger des renseignements et à coopérer quant aux actions sur le terrain. C'est une étape que les pays occidentaux jugent essentielle pour contenir Al-Qaïda dans le Sahara. Jusque-là, des désaccords avaient empêché la mise en place d'une véritable coopération entre Etats. Menées encore limitées Selon les experts, le manque de coordination entre pays de la région, conjugué à la difficulté de contrôler les frontières dans le désert, ont permis à Al-Qaïda de s'implanter peu à peu dans le Sahara. La décision de l'Algérie d'organiser cette réunion laisse penser qu'elle est prête à jouer un rôle plus actif dans la lutte contre Al-Qaïda dans le Sahara, ce à quoi l'incitaient depuis des années bon nombre de gouvernements occidentaux. Les menées de la branche locale d'Al-Qaïda, l'AQMI (Al-Qaïda au Maghreb islamique) restent relativement limitées pour l'instant, mais, avertissent des diplomates occidentaux, l'organisation pourrait faire du Sahara l'un de ses repaires -- comme elle l'a fait pour la Somalie et dans une certaine mesure pour le Yémen --, d'où elle préparerait des attaques d'envergure. L'Algérie et la Mauritanie ont rappelé leurs ambassadeurs en poste au Mali pour protester contre la libération, le mois dernier, d'un otage français de l'AQMI, Pierre Camatte, en échange de celle de quatre islamistes présumés qu'Al- Qaïda voulait voir relâchés des prisons maliennes. L'an dernier, l'AQMI a exécuté un Britannique, Edwin Dyer, après l'avoir enlevé à la frontière entre le Niger et le Mali. L'AQMI a, également, annoncé avoir tué un coopérant humanitaire américain, en juin dernier à Nouakchott, et avoir commis en août dans la même ville un attentat suicide contre l'ambassade de France, qui avait fait trois blessés.