L'accrochage entre Ziari et Bensalah, l'un issu du FLN et l'autre du RND, exprime le malaise d'une coalition en mal de cohésion. La coalition présidentielle est-elle à bout de souffle? La réponse coule de source. Les divergences sont tellement nombreuses que la désunion est inévitable. Le Front de libération nationale (FLN) stigmatise le Rassemblement national démocratique (RND). Le Mouvement de la société de la paix (MSP) ne rate pas l'occasion pour tirer sur le RND. Le RND souvent prend de court ses deux partenaires avant de répondre par la provocation. La plus manifeste de cette désunion est l'accrochage entre les présidents des deux chambres du Parlement, l'un issu du FLN et l'autre du RND. Or, le linge sale se lave désormais, en public. En pleins feux de la rampe. Entre les trois partis, le courant ne passe plus comme il y a de cela quelques années. Ce qui signifie que la fin de cette alliance qui symboliserait la fin d'une époque, est proche. Les prémices de cette fin remontent au moins à seize mois, lorsque le parti du Premier ministre avait contracté une alliance avec le Parti des travailleurs (PT) lors des sénatoriales de décembre 2009. Les cartes étaient depuis cette date, brouillées et le sommet de l'Alliance, qui s'est tenu au mois de février 2010 s'est transformé en tribune où le RND a échappé de peu au lynchage. Après les divergences, place aux tiraillements. Ces derniers jours, les désaccords sont remontés à la surface et les trois partis se sont distingués par des attaques virulentes de part et d'autre. Lors de l'adoption du projet de Code communal au niveau de l'Assemblée populaire nationale (APN), le MSP s'est carrément retiré de la séance de vote laissant les deux partis adopter le texte. Même adopté, l'institution que préside Abdelaziz Ziari issue du FLN, s'est permis de retoucher, après coup, à la mouture finale du texte. La suite est connue. Le président du Sénat, Abdelkader Bensalah, du RND, a saisi le chef de l'Etat sur le fait que le bureau de l'APN a présenté au Conseil de la nation une copie différente de celle adoptée par les députés. Ce qui est contraire aux moeurs politiques et institutionnelles. La réaction de M.Ziari ne s'est pas fait attendre. Pour lui, le Sénat n'est d'aucune utilité et son existence ne sert à rien. Pour rappel, le Conseil de la nation a été créé par l'ex-président Liamine Zeroual en 1997 pour contrer, par le fonctionnement qui lui est conféré, une éventuelle majorité des islamistes à l'APN. Pour enfoncer le clou dans le dos de M.Bensalah, M.Ziari a affirmé, dans un entretien accordé il y a quelques jours à un quotidien national, que les élections législatives de 1997 étaient truquées et que c'est le système des quotas qui a été appliqué. «La parole n'était pas donnée au peuple. Aujourd'hui, nous parlons d'une assemblée, émanation d'élections», a déclaré Abdelaziz Ziari comme pour dire que l'APN, à l'époque où M.Bensalah en était le président, n'était pas légitime. Entre-temps, les premiers responsables des deux partis (FLN et RND) ont clairement affiché leur ambition présidentielle. Pour M.Belkhadem, il s'agit d'une question de temps, et pour M.Ouyahia il s'agit de la rencontre d'un homme avec son destin. Et le MSP dans tout ça? Le président de ce parti, qui ne manque pas les occasions de vilipender ses partenaires politiques, passe cette fois-ci à la menace de se retirer de cette entité (l'Alliance présidentielle) qui n'a plus aucune raison d'être. Il considère même que son parti est le fil qui tient l'alliance. Lui, qui ne cache pas ses velléités électoralistes, se voit déjà candidat à la prochaine présidentielle. Pour s'approcher de cet objectif, il demande rien moins que la démission du chef du RND de son poste de Premier ministre pour partir à chances égales aux prochaines élections locales et législatives. Aussi, ces derniers «accrochages verbaux», qui expriment un «désaccord profond» entre ces trois partis, accréditent la thèse selon laquelle le rôle de la coalition présidentielle dans le pays est fini. Ils soldent en fait, une époque...